Depuis qu’il a été intégré au sein du groupe Holmarcom, le Crédit du Maroc a franchi une période de transformation intenses qui a duré 18 mois, révélée au grand jour en juin dernier. Cette institution, qui célèbre presque un siècle d’existence, se redynamise aujourd’hui sous le programme ambitieux CDM Boost, dont l’aspiration est d’accroître son autonomie, sa diversité et sa rentabilité. Ali Benkirane, président du Directoire, n’y va pas par quatre chemins : les objectifs fixés visent l’horizon 2028.
Un repositionnement grandiose piloté par Holmarcom
À l’origine de cette aventure, fondée en 1929 en tant que branche du Crédit Lyonnais, le Crédit du Maroc avait été sous la tutelle du groupe français Crédit Agricole pendant plusieurs décennies. Mais en décembre 2022, un tournant majeur se produisit : Holmarcom prend les rênes. Cette modification de l’actionnariat est plus qu’une simple transition — elle est le tremplin vers une nouvelle ère de croissance, offrant une autonomie revitalisée en matière d’expertise, de technologie et de procédures internes. La vision est claire : établir le Crédit du Maroc comme un acteur incontournable, dynamique et moderne, au cœur du développement économique du pays.
CDM Boost et ses répercussions envisagées
Le plan CDM Boost s’articule autour d’une croissance durable, pilotée par quatre axes stratégiques :
• Une dynamique commerciale accélérée qui cible de plus en plus la classe moyenne et les petites et moyennes entreprises (PME), avec pour but d’améliorer l’expérience client via une offre revisitée, plus accessible et plus compétitive.
• Une transformation vers l’excellence opérationnelle, où une forte somme est investie dans la modernisation des infrastructures numériques et dans l’optimisation des processus. Des solutions telles que MyCDM sont revitalisées pour s’aligner avec les standards du marché, renforçant ainsi l’efficacité et la réactivité face aux besoins clients.
• Un renforcement des pratiques de gouvernance et de gestion des risques. En adoptant les meilleures pratiques de contrôle, le Crédit du Maroc s’engage à atteindre une stabilité et une transparence exemplaires, tout en solidifiant la gestion des risques de conformité.
• Une mobilisation du capital humain, où l’engagement des collaborateurs est au cœur des programmes de formation et de développement. Le personnel, pilier essentiel de la performance, est pleinement engagé dans cette phase d’évolution et d’innovation.
Le plan CDM Boost ambitionne une augmentation annuelle de 8% du produit net bancaire et une hausse de 14% du résultat brut d’exploitation, avec un objectif de 68 milliards de dirhams en dépôts d’ici 2026, tout en respectant strictement les ratios de solvabilité : un ratio Tier 1 de 11% et une solvabilité globale de 13%. À plus court terme, une progression de 33,3% des bénéfices est envisagée pour 2024, atteignant ainsi 664 millions de dirhams. Selon Lamiae Kendili, DGA de Holmarcom Finance Company, la faible liquidité du titre en Bourse ne reflète pas adéquatement les performances de la banque. Plus de titres sur le marché devraient ouvrir la porte à un accès plus facile pour les investisseurs.
Une OPV pour libérer le potentiel et la visibilité sur le marché boursier
L’opération publique de vente (OPV) se profile comme une étape charnière, s’apparentant à une véritable introduction en bourse avec le lancement d’une offre d’actions s’élevant à un milliard de dirhams. Concernant 1.229.577 actions, cette opération sera ouverte tant aux investisseurs institutionnels qu’au grand public et au personnel de la banque avec des conditions privilégiées. Les actions seront proposées à 850 dirhams, tandis que les salariés profiteront d’un prix réduit à 680 dirhams, alors que le cours actuel se situe à 930 dirhams. Un syndicat de placement composé de banques et sociétés de bourse pilotera cette offre.
À l’issue de cette opération, le flottant de Crédit du Maroc en Bourse sera porté à près de 22%, ce qui est de nature à renforcer la visibilité du titre auprès des OPCVM et des investisseurs institutionnels. En conséquence, l’OPV permettra de céder au public et aux salariés éligibles 1.229.577 actions, représentant ainsi 11,3% du capital et des droits de vote de CDM. Après l’OPV, la participation de HFC dans CDM passera à 54,61%, contre 65,91% précédemment. Le flottant augmentera de 10,54% à 21,84%, tandis que les autres actionnaires institutionnels, tels qu’AtlantaSanad (12,82%) et Wafa Assurance (10,74%), maintiendront leur niveau de participation. Ensemble, Holmarcom et AtlantaSanad continueront de former un bloc de contrôle détenant 67,43% du capital.