Mme Lamiae Kendili, DGA de Holmarcom Finance Company
Propos recueillis par Afifa Dassouli
Le Groupe Holmarcom, au sortir de son opération d’acquisition de CDM, bouclée en juin dernier, détient désormais, via Holmarcom Finance Company et Atlanta Sanad, 78,7% du capital de cette banque. En effet, cela se partage entre 65,9% pour HFC et 12,8% pour Atlanta Sanad. Cette transaction d’envergure, voix d’un groupe privé s’emparant d’un établissement bancaire notoire sur le marché, le Crédit du Maroc, autrefois sous l’égide de Crédit Agricole Français, a été orchestrée en deux phases, entamées en décembre 2022 et finalisées l’été 2024. L’offre de vente récemment lancée par le groupe constitue-t-elle une troisième phase, d’un point de vue financier ?
Notre feuille de route dans le secteur financier est effectivement jalonnée de multiples étapes, dont l’offre de vente actuelle fait partie intégrante. L’achat de Crédit du Maroc a été un mouvement stratégique à portée significative, intégrant cette institution emblématique au sein de Holmarcom Finance Company (HFC), laquelle s’est désormais élargie vers non seulement le secteur de l’assurance mais aussi le domaine bancaire et les services financiers.
HFC se positionne comme un acteur tant intégré que responsable, nourrissant une ambition panafricaine. Nos objectifs sont clairs : nous souhaitons non seulement consolider nos positions currentes, mais également diversifier nos activités dans d’autres segments, tout en nous ouvrant à l’international, et en cultivant des synergies permettant une création de valeur tant pour le groupe que pour chacun de ses entités.
Cette opération s’intègre parfaitement dans cette ambition. Elle offre à Crédit du Maroc la capacité de renforcer sa position grâce à un flottant élargi, en adéquation avec les normes des institutions financières du marché, et permet d’optimiser également liquidité et valorisation. Les actionnaires historiques ainsi que les nouveaux entrants pourront bénéficier d’une dynamique de développement continue, le tout libérant les ressources financières nécessaires pour soutenir le plan de développement de HFC et franchir de nouvelles étapes dans notre croissance.
La cession par Holmarcom Finance Company de 11,3% du capital de CDM, représentant 1 229 577 actions pour un montant de 1 032 640 350 dirhams, constitue une opération d’une grande importance, dont les effets sur le marché boursier sont remarquables : d’abord, elle atteste de la mobilisation par notre groupe du marché financier, affirmant ainsi son rôle crucial dans le financement de l’économie. Ensuite, elle promet de redynamiser la valeur de CDM, jusqu’alors cantonnée à un statut stagnant. Pourriez-vous nous dire si vous avez élaboré une stratégie boursière pour que la valeur CDM reflète davantage ses résultats futurs ?
Effectivement, le titre Crédit du Maroc, jadis enfermé dans un fixing, est passé vendredi 18 octobre à une cotation en continu. Au-delà du doublement du flottant projeté, cette évolution apportera une flexibilité et une transparence accrues pour nos investisseurs, tout en favorisant l’attractivité et la valorisation de Crédit du Maroc en synergie avec ses performances.
Accroître le flottant et adopter une cotation continue sont des éléments centraux de notre stratégie visant à renforcer la présence de la banque sur le marché financier. Ce dernier est d’ailleurs fondamental pour financer l’économie et favoriser le partage de la création de valeur avec un échantillon plus large, tout en garantissant les meilleures pratiques en matière de transparence et de gouvernance. Nous jouons un rôle actif dans cette dynamique.
A ce propos, cette opération pourrait-elle être interprétée comme une sorte de « seconde » introduction en bourse, ou tout au moins, un appel public à l’épargne pour CDM, bien qu’elle soit ouverte aux personnes physiques et morales, ainsi qu’aux employés de CDM, tout en prévoyant une première allocation de seulement 50 actions ?
Il est indéniable que la cotation de Crédit du Maroc, remontant à 1976, s’avère emblématique. Pourtant, le flottant restait très restreint. Peut-être pourrait-on alors évoquer un quasi-IPO, en effet ? Cela dit, il est incontestable qu’il s’agit d’une opération stratégique, jalon décisif dans le développement et le positionnement de la banque sur le marché.
Concernant la tranche dédiée aux salariés, elle s’élève à 50 millions de dirhams, avec un dimensionnement basé sur un principe d’équité. Tous les employés ont un accès égal aux actions de la banque, dans des conditions exclusives. En fin de compte, la proportion de l’opération réservée aux salariés est en parfaite cohérence avec les benchmarks des transactions similaires dans le marché. Les collaborateurs de Crédit du Maroc, fortement investis dans le développement de l’établissement, se voient ainsi reconnus, et il était impératif pour Holmarcom Finance Company d’instaurer cette formule en signe de reconnaissance envers leur engagement.