Le Fonds monétaire international (FMI) a, à peine, révisé ses prévisions de croissance économique mondiale pour l’année 2025, s’attendant à un modeste 3,2 %, un chiffre qui s’aligne sur les estimations pour 2024. Ce ralentissement, résolument préoccupant, trouve son origine dans la diminution anticipée de la dynamique économique de plusieurs grandes économies émergentes, parmi lesquelles la Chine, la Russie et le Mexique. Ces nouvelles projections ont été dévoilées dans le rapport annuel du FMI, un document qui souligne une montée en flèche des incertitudes économiques et géopolitiques à l’échelle mondiale.
Les inquiétudes du FMI sont palpables, gravitant autour d’une conjoncture définie par une prolifération de risques. Pierre-Olivier Gourinchas, chef économiste du FMI, a pointé du doigt les répercussions potentielles liées à l’aggravation des conflits régionaux, notamment au Proche-Orient, capable de bouleverser les marchés de l’énergie et d’entraver la croissance mondiale. Il a également averti que des modifications radicales dans les politiques industrielles ou des variations dans les échanges commerciaux pourraient également influer négativement sur les perspectives économiques.
Parmi les préoccupations additionnelles, citons la réduction de l’immigration dans les économies avancées, susceptible d’affecter les marchés du travail et les mécanismes d’inflation. Un resserrement soudain des conditions financières au niveau mondial ressort également comme un péril tangible, si les banques centrales peinent à ajuster leurs politiques monétaires avec la célérité nécessaire pour s’adapter au ralentissement de l’inflation.
Dans cet océan d’incertitudes, les perspectives de croissance mondiale se révèlent moroses, continuant une tendance amorcée depuis quelques années. Kristalina Georgieva, directrice générale du FMI, ne cesse de rappeler que l’économie mondiale traverse une décennie de croissance singulièrement atone. Néanmoins, le rapport du FMI fait également état de quelques signes encourageants, particulièrement le retour de l’inflation vers l’objectif de 2 % au sein des principales économies avancées, un succès attribuable à la gestion minutieuse des banques centrales.
Il est à noter que les économies avancées ont enregistré des avancées plus probantes dans leur lutte contre l’inflation comparativement aux pays émergents ou en développement. Cela dit, une certaine hétérogénéité demeure, avec de notables disparités en matière d’inflation. Les États-Unis, en particulier, se démarquent en affichant une croissance projetée de 2,8 % en 2024, qui devra cependant se modérer à 2,2 % en 2025 — un chiffre supérieur aux prévisions de juillet dernier, établies à 1,9 %. D’après Gourinchas, l’économie américaine frôle l’« atterrissage en douceur », mariant une consommation robuste à une inflation décroissante.
Toutefois, le tableau n’est pas aussi serein ailleurs, surtout au sein de la zone euro. Là, la croissance demeure timide, bien qu’une légère amélioration soit anticipée pour 2025, avec un taux projeté à 1,2 %, contrastant avec 0,8 % en 2024. L’Allemagne, pilier économique de la zone, incarne cette morosité. Après avoir subi une récession en 2023, elle devrait stagné en 2024 avant de se redresser prudemment avec un modeste 0,8 % en 2025, une révision à la baisse par rapport aux prévisions précédentes qui tablaient sur 1,3 %. La France, quant à elle, affiche une stabilité appréciable, avec des projections de croissance de 1,1 % pour 2024 et 2025, équivalentes à celles de 2023.
L’Espagne, moteur de la zone euro
Il convient de souligner que l’Espagne brille en tant que moteur dynamique de la zone euro, avec des attentes de croissance à 2,9 % en 2024 et à 2,1 % en 2025. Cette performance résulte en grande partie de la structure de son économie, qui penche davantage vers les services que vers l’industrie, lui conférant ainsi une résistance accrue face aux faiblesses économiques globales qui affectent d’autres nations de la zone euro.
En ce qui concerne les grandes économies émergentes, le FMI entrevoit également un ralentissement pour bon nombre d’entre elles, bien que les perspectives soient inégales d’un pays à l’autre. La Chine, par exemple, continue d’afficher des signes inquiétants de ralentissement économique. Malgré les récentes annonces de Pékin visant à galvaniser l’activité économique, le FMI prévoit que la croissance chinoise n’atteindra ni les 5 % d’ici 2024 ni 2025. Les prévisions tablent plutôt sur 4,8 % en 2024 et 4,5 % en 2025.
L’Inde, à l’inverse, demeure une exception parmi les grandes économies émergentes, avec des perspectives de croissance vigoureuses, bien qu’elle suive une tendance à la baisse comparable à celle observée en Chine. L’Inde devrait continuer à afficher la croissance la plus rapide parmi les grandes économies mondiales dans les années à venir.
La Russie, également, ne sera pas épargnée par la stagnation. Malgré une certaine résilience en 2023, aidée par des dépenses militaires accrues, le FMI prévoit une chute de la croissance russe, passant de 3,6 % en 2023 à un modeste 1,3 % en 2025. Ces prévisions mettent en lumière les défis persistants auxquels le pays est confronté à long terme.
En résumé, le FMI demeure prudent face aux perspectives de l’économie mondiale, avertissant des risques significatifs pouvant entraver la croissance dans les années à venir. Bien que des avancées aient été réalisées dans la lutte contre l’inflation, les incertitudes géopolitiques, les perturbations dans le commerce et les tensions financières représentent autant de facteurs susceptibles de freiner l’expansion économique à l’échelle mondiale. Malgré tout, certaines économies, à l’image des États-Unis ou de l’Espagne, semblent mieux armées pour faire face à ces défis immédiats, tandis que les nations émergentes, en particulier la Chine et la Russie, font face à des perspectives beaucoup plus incertaines.