L’Africa Financial Summit (AFIS 2024) a été inauguré ce lundi à Casablanca, attirant une assemblée impressionnante de plus de 1 000 acteurs clés issus du domaine financier, mais aussi des décideurs politiques et des régulateurs provenant de tout le continent africain. Cette troisième édition, qui résonne avec la devise « Le temps des puissances financières africaines est venu », est marquée par sa tenue, pour la première fois, sur le sol marocain.
Au cœur de l’AFIS 2024 se dresse un objectif ambitieux : tracer les chemins pour faire de la finance africaine un véritable levier de développement et de montée en puissance. L’événement, riche en discussions et en échanges, met en exergue cinq priorités capitales : améliorer l’éventail des produits bancaires et les solutions du marché des capitaux, abaisser les coûts liés aux transactions transfrontalières, renforcer les exigences de capital pour les institutions financières, tout en consolidant l’industrie financière et les partenariats avec les centres financiers internationaux.
Créé par le Jeune Afrique Media Group en 2021 et co-organisé en collaboration avec l’International Finance Corporation (IFC), ce sommet n’est pas seulement un rassemblement ; il offre également plus de 30 panels et tables rondes dévoués aux réformes nécessaires à la résilience du secteur financier. Amir Ben Yahmed, président de l’AFIS, a ouvert le bal en soulignant l’importance d’une vision panafricaine incarnée par le Maroc, soulignant la position de leader qu’occupe le pays grâce à la réussite exemplaire de Casablanca en tant que place financière. « En moins de deux décennies, Casablanca est devenue un pôle majeur en Afrique, attirant près de 200 entreprises internationales séduites par les opportunités offertes par le continent », a-t-il déclaré, tout en attribuant ce succès à la politique visionnaire du Roi Mohammed VI et au cadre de régulation mis en place par les autorités marocaines, favorisant une expansion sereine à l’échelle africaine.
Ben Yahmed a défendu avec ferveur trois convictions essentielles qui fondent l’AFIS : l’Afrique doit revendiquer sa souveraineté économique, renforcer son secteur financier pour garantir une inclusion véritable et soutenir le financement des infrastructures. Il a insisté sur l’importance d’une approche collaborative pour donner naissance à une véritable « Afrique des services financiers ». Toutefois, il a également mis en lumière les obstacles à surmonter, y compris les défis réglementaires et les mentalités nationalistes, qui freinent, selon lui, l’émergence d’un géant africain dans les domaines de la banque et de l’assurance.
Sérgio Pimenta, Vice-Président de l’IFC pour l’Afrique, a abordé les difficultés que traverse le secteur, telles que le désengagement des banques internationales et l’instabilité des marchés. Malgré ces défis, il a souligné les opportunités florissantes, déclarant que « la numérisation, l’innovation, ainsi que l’émergence de nouveaux acteurs, transforment de manière positive le paysage financier ». Pimenta a exprimé la confiance de l’IFC dans le potentiel créatif que possède l’Afrique : « L’Afrique est dotée de toutes les ressources nécessaires pour devenir le fer de lance de l’innovation numérique, de l’agriculture durable et des solutions d’infrastructure verte », a-t-il affirmé, tout en mettant l’accent sur l’importance cruciale des partenariats. « Mobiliser les financements privés est essentiel pour soutenir des priorités de développement telles que la sécurité alimentaire, la création d’emplois, et l’inclusion financière », a-t-il rappelé.
De plus, Pimenta a plaidé pour une action collective en vue de lutter contre le dérèglement climatique, appelant à la création d’un véritable « écosystème financier durable ».
Sur un autre front, Nadia Fettah, ministre de l’Économie et des Finances, a souligné l’importance d’une circulation fluide des capitaux et d’un système financier robuste pour soutenir le développement durable à l’échelle du continent. Elle a partagé des initiatives comme le Pan-African Payment and Settlement System (PAPSS), facilitant les transactions en devises locales, ainsi que le rôle croissant des fintechs africaines dans le processus d’inclusion financière. La question climatique a également été mise en avant, en insistant sur la nécessité de développer de nouveaux mécanismes de financement pour les infrastructures et pour accompagner la transition écologique.
Ce sommet, qui se déploie sur deux jours, marque une étape décisive dans la métamorphose du secteur financier africain. Il appelle à une coopération dynamique entre gouvernements, institutions financières, et secteur privé, visant à établir un écosystème financier durable et inclusif, pour le bénéfice de tous.