Lors du grand rendez-vous de l’Africa Financial Summit 2024, qui s’est tenu récemment à Casablanca, un éminent panel d’experts a mis en lumière le sujet palpitant des finances intégrées. Ce secteur, visant à amalgamer des services tels que paiements, crédits, épargne, investissements et assurances au sein de plateformes non financières, est en pleine expansion. Selon les prognostics, il pourrait tripler d’ici 2029 pour frôler les 40 milliards de dollars. Une telle métamorphose ouvre la voie à des perspectives inédites, facilitant l’accès à des services financiers pour les populations sous-bancarisées. Néanmoins, cette révolution n’est pas sans entraves : des cadres réglementaires éclatés, une infrastructure numérique déséquilibrée, et des processus d’intégration parfois ardus.
La Tribune : Quelle est votre vision pour l’avenir de la finance intégrée, en particulier dans les régions d’Afrique du Nord et au Maroc ? Comment Visa entend-elle jouer un rôle central dans cette transformation ?
Mme Leila Serhan : À Visa, nous percevons la finance intégrée comme un puissant levier pour transformer l’inclusion financière et propulser la croissance économique en Afrique du Nord et au Maroc. En intégrant divers services financiers à des plateformes telles que le e-commerce et les télécommunications, nous travaillons à rendre ces outils accessibles aux populations qui en sont privées.
Notre vision se décline en trois axes fondamentaux :
Premièrement, l’éducation financière est cruciale. Elle permet aux individus et aux entreprises d’acquérir les compétences pour gérer au mieux leurs finances. Nous participons activement à des programmes éducatifs, en collaboration avec des entités comme Trace Academia en Côte d’Ivoire ou la Fondation Marocaine pour l’Éducation Financière (FMEF) ici au Maroc.
Deuxièmement, améliorer l’accès aux services financiers représente une priorité. Nous travaillons main dans la main avec les gouvernements, les régulateurs, ainsi que les établissements et facilitateurs de paiement pour concevoir des solutions sur mesure pour les petites et moyennes entreprises.
Enfin, l’innovation et l’inclusion numérique sont au cœur de notre stratégie. Grâce à des partenariats avec des institutions non financières, Visa s’efforce d’encourager l’adoption des paiements numériques, facilitant ainsi une transition vers une économie sans espèces. Nous aspirons à construire un écosystème financier qui soit non seulement sécurisé mais aussi convivial.
Quels défis techniques voir l’intégration de produits financiers dans des environnements non financiers comme le e-commerce ?
Il convient de noter que l’intégration de produits financiers à ces plateformes comporte son lot de défis techniques. La protection des données personnelles est, par exemple, un enjeu crucial, surtout dans l’économie numérique où la sécurité est de première importance.
De plus, il s’agit de réduire le fossé entre systèmes financiers et non financiers, une tâche qui impose une connectivité irréprochable. Offrir une expérience fluide et sans tracas aux utilisateurs est essentiel pour favoriser l’adoption des services.
Pour surmonter ces défis, des API robustes et un cryptage de haut niveau sont incontournables. Visa, en tant que figure de proue dans le domaine des solutions de paiement, a déjà surmonté des défis semblables à l’échelle mondiale.
Afin de répondre aux spécificités locales au Maroc, nous collaborons activement avec des acteurs du e-commerce et des opérateurs de télécommunications, témoignant ainsi de notre engagement à partager nos connaissances et technologies avancées.
Comment les régulateurs et les entreprises peuvent-ils synergiser pour surmonter les obstacles liés à la réglementation fragmentée ?
La collaboration entre régulateurs et entreprises s’avère indispensable pour naviguer dans ces challenges et impulser le développement économique.
Chez Visa, nous nous engageons dans des dialogues réguliers avec les gouvernements et régulateurs, dans le but de discuter des défis émergents et de maintenir une réglementation agile et pertinente.
En travaillant étroitement avec les banques centrales, nous abordons des problématiques essentielles comme la lutte contre la fraude et la gestion des risques, afin d’assurer une transition vers le numérique tout en gardant une vigilance sur la protection des consommateurs.
Pour combler le gap, nous organisons des forums, tels que notre Visa Fintech Day, favorisant le dialogue entre tous les acteurs de l’écosystème fintech marocain.
En quoi la finance intégrée peut-elle améliorer concrètement l’inclusion des populations sous-bancarisées ?
Les solutions de finance intégrée jouent un rôle central dans l’amélioration de l’accès aux services financiers pour les populations souvent négligées, notamment dans les régions à faible bancarisation. En intégrant des systèmes de paiement au sein de services quotidiens, comme le e-commerce ou la télécommunication, les entreprises peuvent offrir des solutions sans nécessiter un compte bancaire traditionnel, rendant ainsi les services financiers plus accessibles.
De surcroît, la finance intégrée simplifie les transactions, permettant un accès direct aux services comme les paiements et microcrédits, tout en favorisant l’utilisation de méthodes de paiement numériques, dynamisant ainsi l’économie.
Quelles stratégies adopter pour convaincre les entreprises non financières d’opter pour des solutions de finance intégrée ?
Exposer aux entreprises non financières la valeur ajoutée des solutions de finance intégrée représente le premier pas pour les inciter à adopter ces systèmes. En intégrant ces services, les entreprises peuvent non seulement diversifier leurs sources de revenus, mais également améliorer l’expérience de leurs clients.
Cela se traduit par des gains tangibles : réduction des coûts, accès à des données précieuses, et un positionnement stratégique sur un marché en pleine mutation. L’intégration des services financiers dans leur portefeuille leur confère un avantage concurrentiel indéniable.
Avec une approche collaborative, Visa continue de chercher à démontrer l’impact transformationnel de la finance intégrée, aidant les entreprises à tirer parti de ces nouvelles technologies pour une innovation durable.