L’année 2024 a été le théâtre de transformations marquantes au sein du secteur financier au Maroc, avec un dynamisme indéniable que nous espérons voir se poursuivre en 2025.
Le cadre réglementaire s’est révélé être une pierre angulaire de ces évolutions. De nouvelles initiatives ont émergé, toutes orientées vers un objectif commun : la transparence et l’efficacité accrues des marchés financiers marocains. En novembre 2024, le marché à terme a été lancé à Casablanca, une avancée significative réservée aux entreprises, aux banques et aux investisseurs institutionnels. Cette plateforme favorise non seulement une gestion des risques financiers plus affinée, mais l’introduction d’une chambre de compensation (CCP) a également renforcé la sécurité des transactions.
En parallèle, une réforme des Organismes de Placement Collectif en Valeurs Mobilières (OPCVM) a été annoncée, visant à mieux encadrer la gestion des actifs, tout en mobilisant l’épargne au profit du développement économique. Un projet de loi sur les états financiers consolidés a également été introduit, alignant les normes comptables marocaines sur celles reconnues au niveau international, dans le but d’augmenter la confiance des investisseurs.
Concernant la Bourse de Casablanca, l’année fut marquée par l’arrivée d’une seule introduction en bourse (IPO) : celle de CMGP Group, spécialisée dans les systèmes d’irrigation et les solutions d’agrofourniture. Malgré son caractère unique, le succès de cette opération est remarquable. En décembre 2024, la demande a explosé, atteignant 37 fois l’offre, témoignant d’un engouement palpable des investisseurs. Grâce à cette introduction, près de 600 millions de dirhams ont été levés, destinés à nourrir l’expansion du groupe tant sur le marché national qu’à l’international.
Le marché boursier a également été le témoin d’augmentions de capital de la part de diverses entreprises cotées, cherchant à affermir leur position et à financer leurs projets ambitieux. Akdital, figure de proue du secteur privé de la santé, a réussi à lever la coquette somme d’un milliard de dirhams, rendant cette opération exceptionnelle selon Tarik Senhaji, DG de la Bourse de Casablanca. Avec une demande s’élevant à 29 milliards de dirhams, et plus de 16 600 souscripteurs issus de 43 nationalités, cette opération a vu l’émission de 1,49 million d’actions à un prix unitaire de 670 dirhams, entraînant un taux de satisfaction de 3,44 %, illustrant ainsi une compétition intense pour cette action.
CIH Bank a également brillamment réussi son augmentation de capital, grimpant de 3,05 milliards à 3,15 milliards de dirhams, la collecte totale atteignant 349,9 millions de dirhams, souscrite à hauteur de 123 %, avec un impressionnant taux de souscription dépassant les 200 % pour le flottant.
Aradei Capital, un acteur clé de l’immobilier commercial, n’a pas tardé à se manifester, ayant réalisé deux augments de capital en 2024 : la première en juin, s’élevant à 250 millions de dirhams, et la seconde à 400 millions de dirhams.
Sur un autre front, le Crédit du Maroc a vu le groupe Holmarcom lancer une offre publique de vente (OPV) correspondant à 11,3 % de son capital, totalisant 1,03 milliard de dirhams, dans le cadre d’une stratégie visant à établir un pôle financier diversifié avec une vocation panafricaine. Post-opération, Holmarcom conserve néanmoins 67,4 % de son capital.
Dans l’ensemble, 2024 a été une année charnière avec une forte croissance affichée par les entreprises cotées. Leurs revenus consolidés pour le premier semestre ont atteint 271,9 milliards de dirhams, soit une hausse de 4,9 % par rapport à l’année précédente, tandis que les bénéfices nets ont connu un accroissement de 5,1 %, totalisant 30 milliards de dirhams.
Pour ce qui est des performances sectorielles, le secteur financier a enregistré une progression robuste de 11,5 % du produit net bancaire, soutenue par l’augmentation des marges d’intérêts et des résultats de marché. De son côté, le secteur industriel a vu son chiffre d’affaires croître de 1,9 %, atteignant 143 milliards de dirhams, notamment grâce aux industries du BTP et de la santé.
L’année 2025 s’est également amorcée sur une note positive pour la Bourse, avec le MASI atteignant son plus haut historique le 3 janvier 2025.