À Marrakech, en ce début de semaine flamboyant, a été inaugurée la 49ᵉ édition de l’Assemblée Générale de la Fédération des Sociétés d’Assurances de Droit National Africaines (FANAF). Cet événement, organisé en collaboration étroite avec la Fédération Marocaine de l’Assurance (FMA), attire un parterre d’acteurs clés du secteur de l’assurance africain, rassemblés autour d’un thème crucial : « Quels leviers pour un développement inclusif et durable de l’assurance en Afrique ? »
La cérémonie d’ouverture a réuni des personnalités éminentes, dont Mme Nadia Fettah, Ministre de l’Économie et des Finances, M. César Ekomie-Afene, Président de la FANAF, ainsi que M. Mohamed Hassan Bensalah, Président de la FMA. Également présents, des représentants des autorités de régulation, des compagnies d’assurances et des institutions financières africaines.
L’assurance, levier incontournable du développement inclusif et durable
Dans son discours captivant, M. César Ekomie-Afene a évoqué l’importance vitale de la coopération Sud-Sud pour surmonter les défis qui pèsent sur le secteur assurantiel africain. Il a souligné la nécessité urgente d’améliorer la pénétration de l’assurance, notamment pour les populations vulnérables, afin d’en maximiser les retombées économiques, sociales et financières.
« Notre industrie doit impérativement innover pour satisfaire les attentes croissantes des intervenants. L’inclusion et la durabilité doivent devenir des priorités stratégiques, pour que le secteur puisse pleinement réaliser son potentiel en tant que levier de développement », a-t-il déclaré avec conviction.
Pour sa part, Mme Nadia Fettah a insisté sur l’importance d’accroître la sensibilisation des populations africaines grâce à des campagnes ciblées. Elle a également rappelé la nécessité cruciale de renforcer la synergie avec les institutions financières, tout en citant avec succès les exemples du Kenya et de la Tanzanie en matière d’assurance inclusive. La stratégie marocaine vise à élargir l’accès aux services financiers par le biais de l’innovation et de la digitalisation.
M. Mohamed Hassan Bensalah a, de manière éloquente, affirmé que l’assurance représente un levier essentiel du développement économique et social, même si le taux de pénétration reste encore modestement faible sur le continent.
« En effet, les économistes sont unanimes : le développement d’un pays est intrinsèquement lié à son taux de pénétration de l’assurance. Il est de notre devoir d’élargir la couverture pour les acteurs économiques et d’accroître la protection de nos concitoyens, notamment les plus démunis. Ainsi, la micro-assurance n’est plus une option, mais bien une priorité incontournable pour notre marché », a-t-il ajouté.
Il a par ailleurs plaidé en faveur de l’instauration de couvertures obligatoires, telles que la Multirisque Habitation ou la Responsabilité Civile Professionnelle pour les secteurs à risque, afin de garantir une protection renforcée pour les populations et les entreprises.
En évoquant les cyber-risques croissants, M. Bensalah a mis en garde contre les conséquences potentielles de ces menaces, citant un rapport d’Orange Cyberdéfense qui stipule que les cyberattaques pourraient entraîner une perte alarmante de 10 % du PIB africain. L’urgence d’adapter les solutions de couverture a été clairement soulignée, avec l’appui des grands réassureurs.
L’innovation et la digitalisation : pivots des solutions assurantielles
Les échanges ont également mis en exergue l’importance des nouvelles technologies, comme les Insurtechs et les Deeptech, pour rehausser l’expérience client et optimiser les processus. Grâce à l’intégration de l’intelligence artificielle, il est désormais possible de traiter les données avec une rapidité et une pertinence accrues, facilitant ainsi la création de produits sur mesure, parfaitement adaptés aux besoins des assurés.
M. Abderrahim Chaffai, Président de l’Autorité de Contrôle des Assurances et de la Prévoyance Sociale (ACAPS), a affirmé que la pérennité de l’assurance en Afrique repose sur une régulation appropriée, une innovation continue et une coopération étroite entre assureurs et régulateurs.
« La digitalisation, la micro-assurance et la diversification des circuits de distribution sont des leviers essentiels pour l’inclusion financière. Notre ambition est de bâtir un écosystème assurantiel résilient, en phase avec les exigences des citoyens et des entreprises », a-t-il précisé.
Vers l’établissement d’un marché unique de l’assurance en Afrique
Un des objectifs majeurs de cette 49ᵉ Assemblée Générale est de promouvoir une vision intégrée du secteur assurantiel africain. M. Bensalah a plaidé pour la création d’un marché unique de l’assurance en Afrique, fondé sur la collaboration, l’innovation et l’harmonisation des régulations.
« L’Afrique de demain sera forte, résiliente et unie. Pour concrétiser cette vision, nous devons agir de concert, partager nos idées et construire un écosystème assurantiel inclusif et fructueux. La transformation de notre continent passe par une assurance accessible à tous », a-t-il conclu avec éloquence.
Dans cette optique audacieuse, le Maroc accueillera en 2027 l’Assemblée Générale et la Conférence Annuelle de l’Organisation Africaine des Assurances (OAA).