À première vue, le paysage économique américain semble se redresser, mais ne vous laissez pas duper par des chiffres qui, bien qu’encourageants, masquent une toile de fond complexe. En juillet, l’inflation a chuté à 2,9 %, marquant un léger ralentissement par rapport aux 3 % de juin — un niveau que l’on n’avait pas vu depuis mars 2021, selon l’indice de prix à la consommation (CPI), sur lequel repose, en partie, le système de retraite des Américains.
Cependant, en grattant la surface, il est essentiel de noter que sur un mois, les prix ont tout de même crû de 0,2 % en juillet, suite à une légère baisse de 0,1 % en juin. Une fluctuation qui, selon les experts, s’aligne avec les prévisions. En retirant énergie et alimentation de l’équation — ces éléments réputés pour leur volatilité — l’inflation sous-jacente s’affiche à 3,2 % sur un an, se stabilisant ainsi avec une légère diminution par rapport au mois précédent (3,3 %).
Tout en affichant des résultats positifs, le président Joe Biden a souligné dans un communiqué les “progrès” accomplis dans la lutte contre l’inflation, tout en admettant qu’il reste “beaucoup à faire pour alléger le fardeau économique des travailleurs américains”. Il a ainsi mis en avant la situation favorable des salaires, qui augmentent plus rapidement que les prix depuis 17 mois.
En revanche, sur un ton plus critique, Karoline Leavitt, porte-parole du candidat républicain, n’a pas hésité à évoquer une réalité alarmante : “Tout coûte 20 % plus cher que sous la présidence de M. Trump”, lançant un avertissement quant à l’impossibilité de proposer un nouveau mandat aux politiques économiques menées par Kamala Harris.
Le principal moteur de cette baisse inflationniste réside dans la fluctuation des prix des biens, avec une attention particulière portée sur la diminution des coûts des véhicules, qu’ils soient neufs ou d’occasion, mais aussi sur des baisses plus marginales concernant l’habillement et les carburants.
Quant aux services hors énergie, qui ont été les locomotives de l’inflation ces derniers mois, ils ont connu une légère reprise avec une hausse de 0,3 % sur un mois, contre seulement 0,1 % en juin. Ce regain s’explique notamment par l’escalade des coûts du logement et des transports.
“Les données liées au logement sont quelque peu préoccupantes et continuent de poser un défi à la Fed”, a fait remarquer Ryan Sweet, chef économiste chez Oxford Economics. Il anticipe une persistance de la hausse des prix du logement, tout en prévoyant une désinflation dans d’autres secteurs, offrant ainsi à la Fed la latitude nécessaire pour abaisser ses taux d’intérêt de 25 points de base lors de sa prochaine réunion.
Dans l’ensemble, cette évolution semble renforcer l’idée que l’inflation est en passe de revenir insidieusement vers cet objectif de 2 % à long terme, fixé par la banque centrale. Des économistes de HFE ont toutefois nuancé l’optimisme ambiant : “On n’observe pas de chute brutale des prix, comme on pourrait l’attendre dans un scénario de crise économique”, précisant qu’aucune donnée ne laisse présager trois baisses de taux imminentes par la Fed.
Le 5 août, une onde de panique avait secoué les marchés financiers ces jours derniers en raison d’une hausse imprévue des taux de la Banque du Japon, couplée aux craintes d’une récession imminente aux États-Unis, alimentées par des données jugées décevantes.
L’économie américaine montre ainsi des signes de ralentissement, après une période de croissance exceptionnelle qui a perduré près de deux ans. Pourtant, jusqu’à présent, aucune alerte sur une éventuelle récession ne se fait entendre, malgré une légère augmentation du chômage le mois dernier.
Rappelons que l’inflation avait atteint des sommets vertigineux, atteignant 9,5 % en glissement annuel en juin 2022, à la suite de la réouverture des économies après la pandémie de Covid-19. Pour contrer ce phénomène, la Fed a réagi avec énergie, faisant grimper les taux d’intérêt à une fourchette comprise entre 5,25 % et 5,50 %, un niveau sans précédent depuis deux décennies.
Bien que l’inflation ait connu un ralentissement substantiel, se stabilisant autour de 2,6 % en moyenne ces derniers mois selon l’indice PCE, elle montre des signes de stabilisation entre 2,5 % et 3 % depuis le début de cette année. La prochaine réunion de la Fed, prévue pour la mi-septembre, devrait marquer un tournant, avec une majorité d’analystes anticipant une première baisse des taux. Cette rencontre sera cruciale, étant la dernière avant les élections présidentielles américaines du 5 novembre.