Dans un tournant significatif, le leader du secteur de la santé privée au Maroc, le Groupe Akdital, se prépare à lancer une nouvelle phase d’investissements audacieux. Présentement, ce groupe gère 23 cliniques, lesquelles disposent d’une capacité totale de 2 532 lits. L’objectif est ambitieux. Ils envisagent d’accroître leur réseau à 33 établissements d’ici fin 2024, puis 39 d’ici le troisième trimestre 2025, et enfin atteindre 51 à l’horizon 2026. Au final, cela représente un impressionnant total de plus de 5 700 lits d’ici fin 2026. Pour nourrir cette dynamique de croissance, des financements adéquats sont cruciaux, mêlant fonds propres et dettes bancaires. Historiquement, deux tiers des ouvertures de cliniques ont été alimentées par des emprunts, tandis qu’un tiers provenait des capitaux propres. Ce modèle est appelé à perdurer même après une augmentation de capital. Concrètement, Akdital prévoit d’investir non pas un milliard de dirhams comme sollicité, mais plutôt entre 2,5 et 3 milliards. Cela permettra de financer 1 200 nouveaux lits, notamment dans des zones médicalement sous-desservies telles que Taza, Berkane, Khemissat, et d’autres villes majeures comme Casablanca, Tanger et Agadir. Chaque nouveau lit pourrait engendrer 2 à 3 emplois directs, sans compter les nombreux praticiens et prestataires externes concernés. Ces ambitions s’inscrivent dans un programme d’investissement d’ores et déjà en cours, visant de 21 à 33 établissements entre 2023 et 2024, et atteignant 39 d’ici 2025.
Un BFR sous contrôle malgré l’AMO
Avec l’introduction de l’AMO, le secteur privé voit une augmentation des flux de patients. Cela s’accompagne toutefois d’un circuit de facturation plus complexe, souvent synonyme de délais de paiement prolongés, ce qui peut peser sur la trésorerie des cliniques privées. Ce sujet n’est pas étranger aux débats du marché, et même parmi les praticiens. À ce sujet, Rochdi Talib, le dirigeant du groupe, refuse de céder à la panique. Il fait état d’un délai moyen de remboursement de seulement 14 jours facilitée par la CNSS. Les cliniques qui rencontrent des retards, souligne-t-il, souffriraient plutôt de problèmes organisationnels. De son côté, Ilyas El Harti, directeur général adjoint, observe une transition du modèle économique des cliniques passant d’un modèle “cash-rich”, où 60 à 70% des revenus proviennent directement des patients, vers un modèle davantage axé sur les organismes de prévoyance et la protection sociale. Cela induit inévitablement un besoin accru en fonds de roulement, mais qui peut être géré efficacement par des opérateurs bien structurés.
Un parcours exemplaire
Depuis son introduction en Bourse il y a 18 mois, Akdital a su gagner la confiance des investisseurs. Son plan d’affaires, initialement jugé audacieux, a été exécuté avec brio, tant sur le plan financier que sur le terrain avec l’ouverture régulière de nouveaux établissements. Essaouira vient ajouter à cette impressionnante dynamique avec l’ouverture imminente d’une clinique, suivie d’une autre à Tétouan. “Nous avons réalisé l’ouverture d’un établissement tous les deux mois. Ces nouveaux établissements sont tous accessibles au public, et 16 d’entre eux devraient voir le jour d’ici juillet 2025, ciblant aussi bien les centres urbains que les déserts médicaux. C’est avec fierté que nous sommes présents dans ces localités, soutenus par le grand public et les institutions qui nous font confiance depuis notre IPO, une confiance qui se reflète en Bourse, où notre action a brillé ces derniers temps. Cela devient notre moteur d’énergie“, témoigne le PDG. Cette dynamique ne fait qu’attiser l’appétit des investisseurs internationaux.
Perspectives de croissance à deux chiffres jusqu’en 2029
En chiffres, l’entreprise a profité de l’opportunité pour dévoiler des prévisions qui ne prennent pas encore en compte l’impact de l’augmentation de capital et laissent entrevoir un maintien d’une croissance rapide d’ici 2029. Le plan d’affaires actuel prévoit 39 établissements de santé, dont 28 hôpitaux et cliniques multidisciplinaires, et 11 centres d’oncologie, pour un total de 4 455 lits. Actuellement, 2 532 lits sont opérationnels, tandis que 1 191 lits supplémentaires devraient être disponibles dans le second semestre de 2024, et 732 lits en 2025.
Le chiffre d’affaires consolidé est prévu de croître à un rythme de 32,9 % par an entre 2023 et 2027, atteignant 5 954 millions de dirhams en 2027 puis 6 443 millions en 2029. De même, l’excédent brut d’exploitation (EBE) devrait croître plus rapidement à un taux de 35,5 % sur la même période. Enfin, le résultat net part du groupe est anticipé à 686 millions de dirhams en 2027 pour culminer à 822 millions en 2029, grâce à une forte hausse du résultat d’exploitation.
Ainsi, Akdital se prépare à un investissement global de 3,1 milliards de dirhams pour la période 2024-2029, principalement destiné à l’acquisition de matériel médical et à l’aménagement de nouveaux établissements. Le Groupe envisage également une augmentation annuelle de son dividende, promettant une progression de 1,5 dirham par action avec un TCAM de 18 % sur la période 2024-2029.