
La Conférence d’Al Ula, consacrée aux économies de marché émergentes, a ouvert ses portes le 16 février 2025, sous l’égide de la majestueuse salle Maraya à Al Ula, en Arabie Saoudite. Initiée conjointement par le ministère saoudien des Finances et le Fonds monétaire international (FMI), cette rencontre vise à favoriser un dialogue constructif et une coopération accrue pour faire face aux défis économiques pressants que rencontrent les marchés émergents dans un contexte de mutations structurelles de l’économie mondiale.
Lors de son discours d’inauguration, la directrice générale du FMI a remercié chaleureusement Mohammed bin Abdullah Al-Jadaan, ministre des Finances saoudien, pour son engagement soutenu au sein du Comité Monétaire et Financier International (IMFC). Elle a également salué la récente création du nouveau bureau régional du FMI à Riyad, un dispositif essentiel pour instaurer un véritable espace d’échange autour des enjeux propres aux marchés émergents.
La responsable a mis en lumière les transformations profondes traversant l’économie mondiale : des évolutions technologiques fulgurantes, des changements démographiques significatifs et une dynamique géopolitique complexe. Elle a souligné que, contrairement à par le passé, le commerce mondial n’est plus le moteur de croissance implacable qu’il était autrefois, rendant ainsi d’autant plus cruciaux les échanges régionaux et interrégionaux.
Des défis complexes pour les marchés émergents
Les marchés émergents ne sont pas à l’abri de défis multiformes. Premièrement, ils subissent des pressions inflationnistes et la volatilité des flux de capitaux. Une stabilisation plus rapide de l’inflation est attendue dans les économies développées, tandis qu’un dollar américain renforcé pourrait engendrer des fuites de capitaux, compliquant ainsi la mise en œuvre des politiques monétaires dans ces régions vulnérables.
En second lieu, l’endettement et les exigences budgétaires deviennent préoccupants. De nombreux pays se retrouvent face à un fardeau de dette élevé, des ressources budgétaires limités et des contraintes croissantes sur les dépenses publiques. La directrice du FMI a mis en garde contre les politiques de relance budgétaire excessives, qu’elle a qualifiées de « recettes sucrées » provoquant une croissance éphémère, souvent synonyme d’inflation galopante et d’instabilité financière. L’accent a été mis sur l’importance d’améliorer l’efficacité économique.
Enfin, le nœud gordien se situe dans la nécessité impérative de réformes structurelles. Ces dernières sont incontournables pour booster la compétitivité, catapulter la productivité et garantir une croissance soutenue. Selon le FMI, réduire de 15% l’écart de productivité avec les États-Unis pourrait engendrer une hausse de 1,2 point de pourcentage de la croissance mondiale.
La conférence a illustré la nécessité pour les économies émergentes de faire preuve de résilience, d’innovation et d’agilité face aux défis contemporains. En conclusion, la directrice du FMI a réitéré l’importance cruciale de la coopération internationale, en citant les mots de Al-Jadaan : « Travailler ensemble pour stabiliser notre économie mondiale est un investissement stratégique dans notre avenir commun plutôt qu’un acte de charité. »
Une participation stratégique du Maroc
Le Maroc, représenté par sa ministre de l’Économie et des Finances, Nadia Fettah, a pris part à une session spécifique sur les tensions commerciales et les incertitudes économiques. Mme Fettah a évoqué les défis accrus auxquels sont confrontés les marchés émergents, notamment l’aggravation de la pauvreté et les pressions exercées sur la classe moyenne, exacerbées par l’augmentation incessante du coût de la vie.
La session a également vu la participation d’autres figures clés, comme le ministre nigérian des Finances, Adebayo Olawale Edun, et son homologue ukrainien, Sergii Marchenko. Les discussions se sont orientées vers les politiques à adopter afin de renforcer les flux commerciaux et d’investissement en période de crises globales.
En marge de cet événement, un mémorandum d’entente a été signé entre Mme Fettah et M. Al-Jadaan, constitué d’un cadre visant à renforcer la coopération bilatérale en matière de politique macrofinancière, d’analyse des finances publiques et de développement des systèmes financiers. Ce partenariat promet de faciliter des échanges d’informations, des visites d’experts et d’organiser des conférences ainsi que des séminaires conjoints.
La ministre marocaine a salué cette initiative comme un « pas décisif pour la consolidation des relations bilatérales », alors que M. Al-Jadaan a souligné l’importance de ce mémorandum pour renforcer la coordination sur les questions financières tant régionales qu’internationales.