À l’aube de la deuxième édition du Sustainable Finance Forum, orchestré par BMCI, un panel fascinant a été dédié à la décarbonation, portant le titre évocateur : « Enjeux de la décarbonation : Quelles opportunités pour les entreprises marocaines ? ». Cet événement a éclairé les engagements nationaux et les solutions concrètes pour propulser la transition énergétique au Maroc.
Engagements nationaux en matière de décarbonation
Mohammed Baraoui, Responsable du Changement Climatique et de la Diversité Biologique au sein du Ministère de la Transition Énergétique et du Développement Durable, a ouvert les échanges en évoquant les ambitions audacieuses du Maroc, en ligne avec l’Accord de Paris. Ces objectifs ? Une réduction spectaculaire de 45,5 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, avec la promesse d’une neutralité carbone d’ici 2050.
Cette trajectoire est intégrée dans un ensemble de cadres stratégiques nationaux, comme la Stratégie Nationale de Développement Durable et le Plan Climat 2020-2030, qui esquissent des priorités fulgurantes. L’accent est mis sur la promotion des énergies renouvelables, l’amélioration de l’efficacité énergétique dans des secteurs cruciaux tels que l’industrie ou le transport, ainsi que l’instauration d’une agriculture résiliente.
Baraoui a également attiré l’attention sur la dépendance énergétique du Royaume, couplée à des importations élevées de produits pétroliers, posant ainsi un défi majeur à la compétitivité économique. Dans ce cadre, l’itinéraire vers des énergies renouvelables émerge comme une opportunité stratégique, destinée à alléger les coûts tout en consolidant la résilience économique.
Fatima Hamdouch, Directrice du Pôle Stratégie et Pilotage de la MASEN, a dépeint les efforts déployés par l’agence pour augmenter la capacité d’énergie renouvelable au Maroc. Parmi les réalisations notables, elle a cité les projets solaires et éoliens cumulant un impressionnant total de 3 800 MW. On peut notamment mentionner le complexe solaire Noor Midelt, qui intègre des systèmes de stockage par batteries, assurant ainsi une réponse adéquate aux besoins énergétiques lors des pics de consommation.
De plus, Hamdouch a mis en avant les initiatives éoliennes, mentionnant plusieurs projets en cours de développement, dont la finalisation est prévue d’ici 2027. Ces actions s’inscrivent dans une vision nationale visant à porter la part des énergies renouvelables à plus de 52 % dans le mix énergétique avant 2030.
Elle a également souligné l’intérêt croissant des banques, tant nationales qu’internationales, pour ces projets, en raison de leur potentiel économique et de leur capacité à satisfaire les impératifs climatiques.
Par ailleurs, Loïc Jaegert-Huber, Directeur Régional Afrique du Nord chez ENGIE, a partagé les solutions novatrices offertes par son entreprise pour soutenir les compagnies marocaines dans la réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre. Entre autres, ENGIE propose des bilans carbone et des plans stratégiques pour accompagner ces entreprises dans leur virage énergétique.
Il a également mis en avant des initiatives tangibles, telles que l’usine de dessalement à Dakhla, alimentée par des énergies renouvelables, et des collaborations avec des industriels pour décarboner leurs processus de production. Ces projets illustrent comment des solutions technologiques adéquates peuvent répondre simultanément aux besoins locaux et aux objectifs climatiques globaux.
Jaegert-Huber a aussi insisté sur la nécessité d’une implication forte des institutions financières dans le financement de ces initiatives. Il a rappelé que la collaboration avec des banques telles que la BMCI reste cruciale pour simplifier l’accès aux financements et dynamiser la transition énergétique des entreprises.
Zakaria Soukri, Responsable de la Corporate Banking à la BMCI, ainsi qu’Abdelmajid Fassi Fihri, Responsable Régional de la Corporate and Institutional Banking Africa chez BNP Paribas, ont mis en lumière les actions concrètes que leurs établissements ont mises en œuvre pour soutenir la transition énergétique des entreprises marocaines.
La BMCI propose ainsi des solutions financières intégrant des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). Ces offres incluent, entre autres, des prêts à des conditions avantageuses pour les entreprises engagées dans des projets écologiquement responsables. Le partenariat récemment scellé avec EcoVadis, révélé lors du forum, illustre cet engagement clair. Ce partenariat permet aux entreprises d’optimiser leur performance en matière de durabilité tout en accédant à des financements adaptés.
Abdelmajid Fassi Fihri a, quant à lui, souligné les engagements historiques de BNP Paribas en finance durable, mentionnant le désengagement progressif du groupe des secteurs à fortes émissions de carbone, tel que le charbon. Il a également insisté sur l’importance d’une expertise spécifique pour le financement des projets d’énergies renouvelables et des alternatives à faibles émissions.
Défis et opportunités pour les entreprises marocaines
Les intervenants ont convenu que la décarbonation représente un défi systémique touchant tous les acteurs économiques, des grandes sociétés aux petites et moyennes entreprises (PME). Ces dernières, qui constituent 93 % du tissu économique marocain, perçoivent la transition énergétique comme un défi, mais aussi comme une chance de modernisation et de compétitivité accrue.
Les experts ont souligné le besoin essentiel d’un accompagnement renforcé pour ces entreprises, par le biais de formations, de financements ciblés et de partenariats public-privé. Ils ont également évoqué le rôle central des banques dans la sensibilisation et le soutien aux PME dans leurs démarches de décarbonation.
Ce panel dédié à la décarbonation a permis de mettre en avant les avancées notables du Maroc en matière de transition énergétique, tout en soulignant les efforts indispensables pour atteindre les objectifs climatiques nationaux. Les discussions ont démontré que le Royaume possède des atouts remarquables pour jouer un rôle clé dans la lutte contre le changement climatique, grâce à son potentiel en énergies renouvelables et à la mobilisation croissante des acteurs publics et privés.