En juillet, l’inflation américaine s’est révélée étonnamment stable sur un an, se maintenant à 2,5%, d’après les chiffres de l’indice PCE publiés par le département du Commerce dernier vendredi. Toutefois, au cours du même mois, une légère accélération a été observée pour la deuxième fois consécutive, grimpant à 0,2%, comparativement à 0,1% précédemment.
Cette tendance s’inscrit parfaitement dans les prévisions des experts du domaine.
Le président Joe Biden a réagi avec optimisme, affirmant : “Nous faisons de réels progrès (…). Toutefois, du travail reste à accomplir”.
La question du pouvoir d’achat s’impose avec force dans la campagne présidentielle, opposant la vice-présidente Kamala Harris au candidat démocrate et l’ancien président Donald Trump du côté républicain.
En analysant les détails fournis par le département du Commerce, on note que “les prix des biens ont chuté de moins de 0,1% et que ceux des services ont grimpé de 3,7%”.
Quand il s’agit de l’inflation sous-jacente, qui exclut les fluctuations des prix de l’énergie et des denrées alimentaires, rien n’a changé : elle est restée à 0,2% sur un mois et à 2,6% sur un an.
Un autre indicateur de l’inflation, l’indice CPI, pertinent pour les retraites, avait été publié plus tôt ce mois-ci. Il a d’ailleurs révélé un ralentissement continu en juillet, tombant à 2,9% sur l’année, un niveau inédit depuis mars 2021, alors qu’il était de 3% le mois précédent.
De surcroît, en juillet, les dépenses des consommateurs ont enregistré une augmentation supérieure à celle de juin, affichant une hausse de 0,3% contre 0,2%, tout comme les revenus qui ont progressé de 0,3% au lieu de 0,1%, d’après les données du département du Commerce.
La tendance à la baisse de l’inflation depuis plusieurs mois pourrait persuader la Réserve fédérale américaine (Fed) de commencer à abaisser ses taux lors de sa prochaine réunion, prévue les 17 et 18 septembre.
Cette décision faciliterait l’emprunt pour les ménages et les entreprises en réduisant les taux d’intérêt bancaires.
“Il est temps d’envisager un ajustement de la politique monétaire”, a déclaré Jérôme Powell, président de la Fed, lors d’une intervention à Jackson Hole, dans les majestueuses montagnes du Wyoming. “Nous ne souhaitons pas maintenir une politique extrêmement restrictive dans une économie qui montre des signes de ralentissement”, a-t-il ajouté, complété par Mary Daly, présidente de la Fed de San Francisco, insistant sur cette même thématique.
Depuis le début de la flambée des prix en 2021, la Fed a été en première ligne pour tenter d’inverser la tendance. Son objectif? Ramener l’inflation à un seuil considéré comme idéal pour l’économie : 2%.
Les hausses de taux se sont succédé, visant à ralentir l’activité économique de manière à diminuer la pression sur les prix et, par conséquence, à amorcer une baisse de l’inflation. Actuellement, les taux sont ancrés à leur plus haut niveau en deux décennies, oscillant entre 5,25% et 5,50%.
Un ralentissement supplémentaire de l’inflation pourrait offrir à la Fed plus de flexibilité pour adopter une approche plus agressive vis-à-vis des baisses de taux dans les réunions à venir, surtout si le marché du travail montre des signes de détérioration significative, comme le souligne Ben Ayers, économiste principal chez Nationwide.
Cependant, il y a une inquiétude sous-jacente : celle de ralentir l’économie américaine au point de provoquer une récession, étant donné que le taux de chômage a grimpé à 4,3% en juillet et que les chiffres de création d’emplois pour 2023 et début 2024 ont été considérablement révisés à la baisse. Les chiffres d’août, dont la publication est attendue pour le 6 septembre, seront déterminants.
Cette diffusion de données sera “la clé (…) qui déterminera le rythme des taux à court terme, notamment dans le cadre de la baisse de septembre”, comme l’indiquent Marco Casiraghi et Gang Lyu, économistes pour Evercore, société spécialisée en conseils d’investissements.