Mercredi, les hauts responsables de la Réserve fédérale (Fed) ont pris la décision unanime de maintenir les taux d’intérêt dans une fourchette de 5,25 à 5,50 %, un niveau qui perdure depuis un an. Un choix qui, sans doute, reflète une stratégie mûrement réfléchie.
Dans une conférence de presse qui a suivi deux jours de discussions au sein du comité de politique monétaire, le FOMC, Jerome Powell, le président de la Fed, a avancé : “Si les conditions sont favorables, nous pourrions envisager une baisse des taux dès la réunion de septembre”. Une perspective qui suscite à la fois intérêt et anxiété dans l’économie actuelle.
Ce possible assouplissement monétaire marquerait la première baisse depuis mars 2020, lorsque la pandémie de Covid-19 avait catastrophiquement paralysé l’économie, contraignant la Fed à abaisser son taux directeur à zéro pour soutenir les marchés.
Alors que les entreprises et les consommateurs américains aspirent de nouveau à des conditions d’emprunt plus favorables, cette attente dépend intimement des décisions de la Fed, une entité qui influence directement les taux appliqués par les banques aux prêts.
Encouragé par ces annonces, le marché boursier de New York a clôturé sur une note positive, avec le secteur technologique en tête de mouvement.
Le FOMC s’est déclaré “attentif aux risques” encadrant ses deux objectifs primordiaux : maintenir des prix stables et assurer le plein emploi. Des responsables ont souligné que le taux de chômage reste “relativement bas”, une situation appréciée, surtout dans le contexte économique actuel.
Cette mise à jour marque un tournant, car lors de leurs précédentes communiqués, les préoccupations d’inflation paraissaient dominer les discussions.
Les chiffres du chômage pour le mois de juillet aux États-Unis seront publiés vendredi, avec des prévisions indiquant un maintien à 4,1 %, mais avec des créations d’emplois qui pourraient se révéler moins nombreuses.
À l’heure où la Fed craint d’entamer trop tôt un assouplissement qui pourrait relancer l’inflation, elle est également vigilante pour ne pas tarder trop, de peur de voir le chômage s’envoler.
En ajustant son principal taux directeur à ses niveaux actuels, les plus hauts depuis 2001, la Fed visait à ralentir l’activité économique afin de combattre une inflation galopante qui avait accompagné la reprise post-Covid.
Les fruits de cette politique commencent à se faire sentir, avec Jerome Powell saluant une “baisse véritablement significative de l’inflation”. Après un pic au début de 2024, l’inflation à la consommation retrouve un chemin à la baisse, s’établissant à 2,5 % en juin sur un an, selon l’indice PCE, indice privilégié de la banque centrale.
À la fin du mois d’août, l’événement majeur des banquiers centraux se tiendra à Jackson Hole, dans le Wyoming. Jerome Powell y prononcera traditionnellement un discours, où il pourrait fournir des indications plus précises concernant la réduction des taux envisagée lors de la réunion des 17 et 18 septembre.
Ce rendez-vous promet d’être crucial, en particulier qu’il interviendra peu avant l’élection présidentielle américaine du 5 novembre. Le candidat républicain Donald Trump avait exprimé, en février, ses reproches à la Fed – indépendante des dynamiques politiques – de chercher à abaisser ses taux pour favoriser les démocrates.
“Nous n’essaierons jamais de prendre des décisions basées sur l’issue d’une élection à venir”, a affirmé Jerome Powell mercredi, insistant sur le fait que toute décision avant, pendant ou après les élections serait déterminée par les données et les perspectives économiques, pas par des considérations politiques. “Nos outils ne sont jamais utilisés pour soutenir ou opposer une formation politique ou un résultat d’élection”, a-t-il assuré, clarifiant ainsi la position neutre de la Fed face aux pressions politiques.