News Hebdo : Qu’est-ce qui vous a motivé à lancer Payday Takaful, et comment avez-vous identifié ce besoin dans le marché ?
Boubkeur Ajdir : Au départ, un constat alarmant a émergé : dans de nombreux pays africains, une partie croissante de la population s’endette pour satisfaire ses besoins quotidiens, plongeant ainsi dans des difficultés financières, même en étant actifs professionnellement. Il devenait impératif d’apporter une réponse à cette problématique, en proposant un moyen d’accéder à des liquidités sans accroître le fardeau de l’endettement, tout en assurant une sécurité financière tant pour les employeurs que pour les banques grâce à l’intervention d’un assureur.
F.N.H. : Pourriez-vous expliquer le principe de l’assurance Takaful et ses différences avec les assurances conventionnelles ?
B. A. : La mécanique du Takaful repose sur une dynamique unique liant l’assuré et l’assureur, où les assurés endossent également le rôle d’assureurs. Ils contribuent à un fonds commun, destiné à les indemniser en cas de sinistre. Ce fonds est alors géré par un opérateur, en l’occurrence l’assureur, fort de son expertise en matière d’assurance.
F.N.H. : Quelles démarches spécifiques avez-vous entreprises pour garantir que les produits de Payday Takaful respectent les principes de la finance islamique ?
B. A. : Ce projet a été élaboré par des professionnels aguerris de la finance islamique, cumulant plus de 20 ans d’expérience. Par ailleurs, le modèle a été minutieusement examiné par des oulémas compétents en Fiqh al-Mou’amalat, bien informés des évolutions financières contemporaines.
F.N.H. : À votre avis, quels sont les principaux bénéfices d’un modèle participatif comme le Takaful par rapport à des modèles assurantiels classiques ?
B. A. : La richesse de ce modèle réside dans sa capacité à éveiller chez les participants un sens aiguisé de solidarité et d’entraide. Lorsqu’une personne réalise qu’elle est à la fois assurée et « assureur », elle prend conscience de son rôle significatif au sein de sa communauté. Ainsi, on participe activement à la solidarité tout en bénéficiant aussi du soutien des autres. Ce concept s’harmonise parfaitement avec les valeurs éthiques et spirituelles ainsi que les principes sociaux de l’Islam.
F.N.H. : De quelles manières la technologie est-elle employée pour bonifier l’expérience client et gérer de manière transparente les contributions participatives ?
B. A. : La technologie est avant tout un outil. Nous nous assurons d’une part que la sécurité des données est à la pointe, conformément aux normes du secteur. D’autre part, nous exploitons des protocoles et des technologies réputées pour leur robustesse et leur adaptabilité.
F.N.H. : Quels obstacles réglementaires majeurs rencontrez-vous dans la mise en œuvre du modèle Takaful au Maroc ?
B. A. : À l’heure actuelle, nous consolidons notre position sur le marché tunisien, où nous avons connu une dynamique positive malgré certains défis locaux. Les opérations se stabilisent. À présent, notre attention se tourne vers de nouveaux horizons, le Maroc occupant une place de choix en raison de son potentiel, de sa réglementation favorable et de son ouverture aux innovations technologiques. L’année 2025 sera ainsi dédiée au Maroc et à d’autres pays d’Afrique.
F.N.H. : Avez-vous établi des partenariats pour faire croître Payday Takaful ? Si oui, avec quelles sortes d’institutions ?
B. A. : Oui, cela est essentiel. Nous collaborons avec des assureurs Takaful, des banques participatives, ainsi que des entreprises de grande envergure. Pour ces dernières, Payday Takaful représente une solution efficace capable de répondre à divers enjeux, renforçant ainsi la fidélité des employés envers leurs employeurs.