Dans un contexte où l’économie mondiale oscille entre incertitudes et espoirs, un échantillon de 30 professionnels – incluant des opérateurs de salles des marchés, des intermédiaires en valeurs du Trésor (IVT), ainsi que des analystes financiers chevronnés, des investisseurs institutionnels et des gérants d’OPCVM – a été sollicité dans le cadre d’une étude exclusive réalisée par Finances News – Boursenews. Ce sondage, mené sur une période restreinte de trois jours, du 11 au 13 septembre, vise à cerner les prévisions en matière de politique monétaire et la décision imminente de Bank Al-Maghrib (BAM) pour ce mois.
76% de l’échantillon miserait sur un assouplissement monétaire prochain
Les résultats sont sans équivoque : plus des trois quarts des participants, soit 76%, anticipent une réduction du taux directeur lors de la semaine à venir. Plus précisément, 64% d’entre eux prédisent un abaissement de 25 points de base, tandis que 12% envisagent même une baisse potentielle de 50 points de base. Face à cette majorité, un quart s’attend simplement à un maintien des taux, et aucun ne se risque à envisager un relèvement. Il est à noter que ces réponses ont été recueillies avant la réunion stratégique de la FED qui s’est tenue mercredi dernier.
Ainsi, le marché se prépare à une nouvelle intervention de la banque centrale, suite à la décision inattendue du mois de juin, fruit d’une volonté de soutenir une économie en proie à des tourments dans un climat inflationniste peu clément.
Bien que les attentes des professionnels n’expliquent pas directement les raisons de leurs choix, plusieurs éléments éclairent cette anticipation. Le facteur clé demeure la dynamique de l’inflation, qui a récemment chuté en-dessous de l’objectif fixé par la banque centrale, s’établissant à 1,3% en juillet et à 1,7% en août. De surcroît, les prévisions inflationnistes des acteurs du secteur financier affichent, depuis plusieurs trimestres, un ancrage stable, une tendance particulièrement mise en avant par le Wali de la banque centrale. Ce dernier a souligné que la prudence est de mise tant que les facteurs psychologiques et spéculatifs continuent de nourrir la spirale inflationniste. En l’occurrence, une enquête menée par Bank Al-Maghrib sur les anticipations inflationnistes pour le deuxième trimestre 2024 indique que les experts prévoient une inflation moyenne de 2,7%, en déclin par rapport aux 3,4% du trimestre précédent, sur une perspective de huit trimestres, et de 2,8%, contre 3,3%, sur douze trimestres.
Quant aux matières premières, souvent incriminées dans l’exacerbation de l’inflation, leur comportement reste relativement stable, ne montrant pas de signes de surchauffe préoccupants. Le charbon, par exemple, serait en mesure de maintenir une tendance baissière en 2024, soutenue par une réduction de la demande, alors que le prix du gaz continue de décliner avant de connaître un retour sur le devant de la scène en 2025. Les prévisions de la Banque mondiale pour le gaz naturel sur le marché européen, faites en avril, anticipent une baisse des prix en 2024, suivie d’une légère hausse en 2025. Une situation similaire s’observe pour l’acier, le ciment et le pétrole, ce dernier se négociant à des niveaux historiquement bas, même au milieu d’une instabilité géopolitique marquée.
Au-delà de l’inflation, la nécessité d’une impulsion supplémentaire à une économie frappée par une nouvelle année de sécheresse justifie également ces anticipations. L’État, de son côté, envisage une augmentation significative des investissements dans les infrastructures dès cette année.
À l’échelle mondiale, les grandes banques centrales semblent amorcer un renversement de cycle, avec une Banque centrale européenne (BCE) résolument engagée dans une trajectoire de réduction des taux, tandis que la Réserve fédérale américaine (FED) a officiellement franchi le pas cette semaine, inaugurant un nouveau cycle d’assouplissement par une baisse initiale de 50 points de base. Au Maroc, en l’absence d’un discours clair émanant du Conseil de BAM, il est sage de faire preuve de prudence face aux prévisions, attendant la décision du Conseil et les déclarations d’Abdellatif Jouahri pour valider ou non la tendance amorcée en juin.
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