La vingtième réunion du Comité de Coordination et de Surveillance des Risques Systémiques (CCSRS) s’est tenue au siège de Bank Al-Maghrib à Rabat. Cette rencontre a permis d’explorer la feuille de route visant à assurer la stabilité financière entre 2022 et 2024, tout en s’immergeant dans une analyse approfondie des risques systémiques, des tendances macroéconomiques et de l’état global du système financier au Maroc.
Conjoncture internationale et nationale
Le Comité a noté que la conjoncture internationale reste marquée par des tensions géopolitiques non résolues et une atmosphère d’incertitude omniprésente. Sur le sol national, une décélération de la croissance économique est à prévoir, avec une descente de 3,4 % en 2023 à 2,6 % en 2024, avant que les prévisions n’anticipent une remontée à 3,9 % au cours des deux années suivantes. En parallèle, l’inflation, après avoir culminé à 6,1 % en 2023, devrait se stabiliser à 1 % en 2024, avant d’osciller à 2,4 % en 2025 et à 1,8 % en 2026.
Les comptes extérieurs devraient continuer à afficher un équilibre, avec un déficit du compte courant projeté à moins de 2 % du PIB sur la période observée. Les réserves officielles devraient augmenter graduellement, atteignant 400,2 milliards de dirhams d’ici fin 2026, ce qui correspond à environ 5 mois et 8 jours d’importations. À la faveur d’une consolidation budgétaire continue, le déficit prévu s’établit à 4,2 % du PIB en 2025, avec une réduction anticipée à 3,9 % en 2026. Quant à la dette publique, elle devrait fléchir de 70,5 % du PIB en 2024 à 68,7 % en 2026.
Analyse du secteur bancaire
Le crédit bancaire, en particulier celui alloué au secteur non financier, est attendu en nette progression, passant de 3,8 % en 2024 à 5,5 % en 2026, soutenu par une relance d’activité économique. En revanche, le taux des créances en souffrance, qui était de 8,4 % à la fin de l’année 2023, a connu une légère hausse pour atteindre 8,8 % en octobre 2024, affichant un taux de provisionnement de 68,8 %.
Le secteur bancaire a néanmoins affiché une résilience remarquable au premier semestre 2024, avec une augmentation spectaculaire de 17,3 % de son résultat net agrégé. Les ratios d’adéquation des fonds propres dépassent les normes réglementaires, avec un ratio de solvabilité s’élevant à 16 % et un ratio des fonds propres de catégorie 1 à 13,3 % sur base individuelle.
Les simulations de stress test ont confirmé la robustesse du secteur bancaire, notamment face à des scénarios de choc économique significatif. Le ratio de liquidité à court terme perdure au-delà des seuils minimaux réglementaires, mettant en lumière une gestion proactive des risques.
Évolutions dans les secteurs des assurances et des marchés financiers
Dans le secteur des assurances, une croissance soutenue se dessine. À la fin d’octobre 2024, les primes émises ont atteint 49,6 milliards de dirhams, soit une hausse de 4,5 % comparé à l’année précédente, touchant tant les segments vie que non-vie. Les investissements du secteur ont progressé de 4 %, totalisant 243,4 milliards de dirhams, tandis que les plus-values latentes ont flambé de 62,3 %, propulsées par la reprise des marchés boursiers et la baisse des taux d’intérêt. La solvabilité du secteur reste largement au-dessus des seuils réglementaires exigés.
Sur le marché des actions, l’indice MASI a enregistré un bond de 22 % au 17 décembre 2024. La volatilité moyenement modérée s’établit à 9,87 %, et le PER global, se moussant à 17,7x, reste en deçà de la moyenne des cinq dernières années. Parallèlement, la liquidité du marché boursier a progressé, passant de 9,50 % fin 2023 à 11,48 % fin 2024.
Le marché obligataire révèle des signes d’essoufflement avec une chute des émissions de bons du Trésor, se chiffrant à 169,2 milliards de dirhams à fin novembre 2024, comparé à 239,8 milliards un an plus tôt. Cependant, la dette privée a vu une hausse de 8,3 %, atteignant 272,2 milliards de dirhams.
Fonds d’investissement et participation des investisseurs
L’actif net des organismes de placement collectif en valeurs mobilières (OPCVM) a grimpé à 672,5 milliards de dirhams au 13 décembre 2024, soit une progression de 20,13 % depuis le début de l’année. Les fonds immobiliers (OPCI) ont également connu un essor significatif, atteignant un actif net global de 96,9 milliards de dirhams, en hausse de 28,4 % sur un an. Un regain d’engouement des investisseurs individuels s’est manifesté, notamment parmi les résidents, de plus en plus présents dans les transactions boursières.
Lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme
Le Comité a passé en revue les avancées constatées dans la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. Suite à la sortie du Maroc de la liste grise du GAFI, des efforts constants ont été mis en avant pour renforcer la conformité du cadre national. Il a été souligné qu’il est capital de maintenir cette dynamique en prévision du troisième cycle d’évaluations mutuelles prévu pour 2026.