Vendredi dernier, lors d’une séance tumultueuse de la Commission des finances et du développement économique de la Chambre des représentants, les principaux groupes d’opposition ont ouvertement remis en cause les prédictions audacieuses du projet de loi de finances (PLF) pour l’année 2025. Les questions relatives à la croissance et à l’inflation ont alimenté un débat vibrant, captivant l’attention de tous les présents.
Cette rencontre, en présence des figures emblématiques de l’économie nationale, la ministre des Finances Nadia Fettah et le ministre délégué chargé du budget, Fouzi Lekjaa, a permis au bloc parlementaire d’opposition de faire entendre son mécontentement face à des mesures jugées insuffisantes pour répondre aux urgences économiques du pays. Des thèmes cruciaux comme l’emploi, la croissance et la durabilité des finances publiques ont été au cœur des critiques.
Abderrahim Chahid, président du groupe Socialiste – Opposition Ittihadi, a qualifié les projections de croissance de 4,6% pour 2025 d’« excessivement optimistes », accusant ces hypothèses de ne pas se fonder sur des réalités tangibles, tant sur le plan national qu’international. Il a fait valoir qu’il s’agit d’un échec manifeste du gouvernement pour maintenir le déficit budgétaire à 3% du PIB, s’interrogeant sur la capacité de l’exécutif à réaliser ses objectifs
Le président du groupe Haraki, Driss Sentissi, a également critiqué ce PLF, le jugeant truffé de chiffres irréalistes, tout en soulignant l’inefficacité du gouvernement à honorer ses engagements. En outre, il a pointé du doigt le budget alloué à la recherche scientifique, qu’il considère insuffisant, tout en évoquant une « marche arrière » en matière de création de noyaux universitaires.
Rachid Hamouni, représentant du Progrès et du Socialisme, a partagé son scepticisme quant aux fondements du PLF 2025, arguant que ses hypothèses de croissance, de récolte et d’inflation s’opposent frontalement à l’environnement mondial incertain et turbulent. Néanmoins, il a salué les projets ambitieux présentés, que certains pourraient transformer le paysage marocain d’ici 2030.
Dans une démarche tournée vers l’avenir, Hamouni a exhorté le gouvernement à embrasser une approche innovante pour exploiter ces opportunités et initier un véritable essor économique, favorisant la création d’emplois durables et d’entreprises pérennes, tout en prônant l’égalité des chances.
Enfin, Abdellah Bouanou, président du groupement Justice et Développement, a relevé que les prévisions sur les prix de l’énergie et des céréales semblent « raisonnables », mais il a contesté le taux de croissance prévu, qui, selon lui, défie la logique des prévisions économiques contemporaines. Il a souligné l’absence d’initiatives concrètes sur des sujets aussi cruciaux que l’eau et l’emploi.
La ministre des Finances, quant à elle, avait tenté de rassurer en affirmant que le PLF 2025 repose sur des fondations réalistes, soucieux de répondre aux défis économiques et sociaux actuels, tirés des résultats de la première partie de son mandat. La nécessité d’une continuité et d’une solidité dans les piliers de l’État social et du modèle économique du pays a été mise en avant.