C’est ce qu’a souligné Adil Douiri, président fondateur de Mutandis, lors d’un exposé captivant devant une assemblée d’industriels du secteur agroalimentaire. Il a retracé avec passion l’odyssée de Mutandis, une entreprise créée avec l’intention irrévocable de se hisser en Bourse, dès le premier jour, afin de catalyser son développement et d’offrir une liquidité appréciable à tous les investisseurs qui l’ont suivie depuis ses débuts.
Le dividende, un signal fort pour les investisseurs
«Il ne faut pas craindre de distribuer des dividendes même en période de besoin de liquidités», déclare-t-il avec conviction. À première vue, le fait de verser un dividende en pleine phase de croissance d’une entreprise peut paraître paradoxal. Toutefois, Adil Douiri met en avant que ce choix délibéré constitue un message fort aux investisseurs. Le dividende? Un indicateur d’une visibilité accrue, d’un engagement sérieux et un reflet tangible de la rentabilité. «Une société qui prouve sa capacité à récompenser ses actionnaires parvient plus facilement à mobiliser des capitaux lorsque nécessaire», souligne-t-il. Mais ce n’est pas tout. La constance dans le versement du dividende, ainsi que sa prévisibilité, sont des éléments cruciaux. C’est ce que fait d’ailleurs Mutandis, qui, depuis son arrivée sur les marchés, a su faire évoluer son dividende par paliers, passant de 8,5 DH/action entre 2020 et 2023 à 10,5 DH depuis 2024.
«Dès que les résultats nets enregistrent une hausse suffisante pour nous permettre un peu de manœuvre, nous augmentons le palier», résume-t-il. Cette stratégie de planification permet à Mutandis d’instaurer une politique de dividende structurée, non tributaire des aléas annuels des bénéfices nets. L’objectif? Assurer une stabilité financière tout en instaurant une confiance durable. Ce dividende doit être soutenable, même en cas de fluctuations conjoncturelles, afin d’éviter toute mauvaise surprise. De plus, il doit offrir au marché la possibilité de se projeter aisément, avec des augmentations progressives rendant l’action séduisante sur le long terme.
Soigner sa communication financière
Adil Douiri insiste sur le fait qu’au-delà des performances financières ponctuelles, les dirigeants d’entreprises cotées doivent porter une attention particulière à leur communication sur le marché, en misant sur deux ingrédients indispensables: la fréquence et la qualité. Pas question de compliquer le message : il doit demeurer clair et accessible, tant pour l’investisseur chevronné que pour le petit porteur. «Une communication concise et régulière renforce la crédibilité et apaise les investisseurs», explique-t-il.
Ne pas craindre de dévoiler ses projets
«Les idées n’ont pas de propriétaires. Ce qui fait la différence, c’est l’exécution», confie-t-il. Cette affirmation touche d’ailleurs au cœur d’un frein souvent évoqué par les entreprises qui hésitent à s’introduire en Bourse : la peur de divulguer trop d’informations, craignant que leur stratégie soit copiée. Adil Douiri rétorque que la transparence représente un avantage considérable. «Tout le monde est capable de réfléchir et d’élaborer de bonnes idées. La véritable valeur réside dans l’exécution. Si vous êtes plus performant que vos concurrents, vous conservez votre avantage», précise-t-il. Pour lui, les sociétés cotées doivent clairement mettre en avant leur excellence opérationnelle. Réaliser ce qui est promis est hautement valorisé par le marché.
Une question de gouvernance
Attirer les investisseurs en Bourse ne repose pas uniquement sur des résultats financiers immédiats. Une stratégie de dividendes cohérente combinée à une communication limpide permet de bâtir une relation de confiance solide avec les marchés. «La Bourse est un espace où la transparence et la prévisibilité sont hautement récompensées», rappelle Adil Douiri. Cependant, ce n’est pas tout. Une gouvernance robuste s’avère être un levier fondamental pour soutenir la valorisation boursière à long terme.
Nasser Seddiki, directeur des Opérations financières et des marchés à l’AMMC, partage ce point de vue. Il soutient qu’une grande partie des défaillances des entreprises peut être imputée à une gouvernance défaillante. Ce sujet est d’une importance cruciale pour le régulateur, qui exhorte les émetteurs à adopter les meilleures pratiques en matière de gouvernance. En instaurant des règles claires de transparence, de gestion des risques et de prise de décisions éclairées, une bonne gouvernance renforce la confiance des investisseurs tout en favorisant une allocation efficace des ressources. Elle permet aussi d’aligner les intérêts des actionnaires et des dirigeants, minimisant ainsi les conflits internes et optimisant la rentabilité sur le long terme. À l’inverse, une carence en rigueur dans la gouvernance peut engendrer des inefficiences, une volatilité exacerbée et une image défavorable des entreprises cotées auprès des investisseurs.