Le Maroc, et plus spécifiquement Casablanca, se présente tel un carrefour névralgique de l’activité financière, une position privilégiée résultant de son emplacement entre l’Afrique, l’Europe et le Moyen-Orient. C’est ce qu’a affirmé, ce lundi à Casablanca, Sérgio Pimenta, vice-président régional d’IFC (Société financière internationale) pour l’Afrique.
« Le Maroc représente un partenaire incontournable pour l’IFC en Afrique. Nous sommes particulièrement fiers des retombées de cette coopération qui s’étend sur plus de six décennies », a souligné M. Pimenta lors de l’inauguration du Sommet financier africain (AFIS 2024).
Dans ce contexte, le vice-président a mis en avant le rôle primordial du secteur financier africain, surtout en ces temps d’incertitudes inédites. « D’une part, l’Afrique doit faire face à la rétraction des banques internationales, à des taux d’intérêt qui atteignent des sommets historiques, ainsi qu’à une instabilité persistante des échanges commerciaux et des devises. D’autre part, la numérisation, les innovations constantes et l’apparition de nouveaux acteurs révolutionnent positivement ce secteur », a-t-il précisé. Face à ces défis et opportunités, des décisions impérieuses et des stratégies à long terme s’imposent, a-t-il proposé, estimant que l’Afrique doit redoubler d’efforts pour mobiliser ses ressources financières, afin de répondre adéquatement à ses besoins vitaux.
Il a également affirmé que l’IFC a une foi inébranlable dans la résilience africaine et sa capacité à innover, signalant que le continent possède tous les atouts nécessaires pour se positionner à la pointe des innovations numériques, de l’agriculture durable et des infrastructures vertes.
« À travers nos investissements et notre expertise, nous œuvrons pour dynamiser le secteur financier régional, mobilisant des capitaux privés cruciaux pour répondre aux enjeux de développement du continent, qu’ils soient liés à la sécurité alimentaire, à la création d’emplois, à la réponse au changement climatique, à l’égalité de genre ou à l’inclusion financière. À titre d’exemple, au cours de l’exercice 2024, l’IFC a investi près de 3,2 milliards de dollars dans le secteur financier africain, dont 1,9 milliard en propres fonds et un peu plus de 1,2 milliard mobilisés », a-t-il précisé.
M. Pimenta a ensuite annoncé les trois priorités stratégiques de l’IFC pour permettre au secteur financier africain d’assumer pleinement son rôle dans le développement du continent : renforcer le financement agricole pour garantir la sécurité alimentaire, élargir l’accès au financement des micro, petites et moyennes entreprises (MPME), et lever des fonds pour atténuer les impacts du changement climatique.
Concernant la sécurité alimentaire, il a insisté sur la nécessité d’accroître la productivité agricole, révélant que l’IFC s’apprête à lancer une initiative novatrice avec des entreprises AgTech, intégrant la technologie dans des programmes de financement destinés aux acteurs de la chaîne de valeur agricole.
Amir Ben Yahmed, Directeur général du groupe Jeune Afrique Media et président de l’AFIS 2024, a, de son côté, mis en avant les réussites économiques du Maroc et son rôle central dans l’évolution financière du continent africain.
Il a souligné que cette vision panafricaine, qui devient un vecteur d’intégration et de souveraineté économique, trouve ses racines dans l’initiative de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, incitant les entreprises marocaines à se diriger vers le reste du continent comme levier de développement.
M. Ben Yahmed a aussi souligné l’importance des grandes institutions financières marocaines telles qu’Attijariwafa Bank, BCP, et Bank of Africa (BOA), et de la place financière de Casablanca, qui regroupe plus de 200 investisseurs internationaux, dans le développement et le rayonnement de la finance à l’échelle continentale, attributs d’une vision audacieuse et d’un leadership royal éclairé.
Il a réaffirmé que le secteur financier est une clé essentielle pour l’avenir économique de l’Afrique, en mettant l’accent sur son rôle fondamental dans le financement de la croissance et des infrastructures, ainsi que dans l’inclusion financière.
Par ailleurs, M. Ben Yahmed a souligné la nécessité de faciliter le commerce intra-africain et de favoriser l’interopérabilité des paiements, enjeux cruciaux pour l’industrie, appelant à la mobilisation de l’épargne africaine, estimée à près de 500 milliards de dollars, tout en promouvant l’intégration des marchés de capitaux.
Créé par le groupe Jeune Afrique Media en 2021 et co-organisé par l’IFC, l’AFIS se base sur cinq priorités clés visant à promouvoir les transformations nécessaires : « Créer des produits bancaires et des solutions de marché de capitaux pour diriger les ressources locales vers des investissements productifs », « Réduire le coût et le temps des transactions transfrontalières et favoriser le développement des échanges commerciaux entre les pays africains », « Renforcer les exigences capitalistiques pour les institutions financières », « Consolider l’industrie », et « Encourager les partenariats avec des centres financiers internationaux ».
Intitulé « Le temps des puissances financières africaines est venu », ce forum rassemble plus de 1.000 leaders du secteur financier africain, des décideurs politiques et des régulateurs, et expose, à travers plus de 30 panels et tables rondes de haut niveau, les réformes structurelles indispensables pour fortifier la résilience du secteur et lever les obstacles entravant le financement des économies face aux bouleversements régionaux et internationaux.