Le Projet de Loi de Finances (PLF) 2025, récemment dévoilé par la ministre Nadia Fettah, arbore des ambitions audacieuses en réponse aux enjeux socio-économiques pressants du Maroc, tout en traçant les contours d’une continuité dans les réformes déjà en cours sous ce gouvernement. Lors de sa présentation marquante devant les deux Chambres du Parlement, la ministre a articulé les fondations de ce projet autour de priorités à la fois réalistes et synergiques, enracinées dans le souci de renforcer les bases de l’État social tout en consolidant les fondements économiques.
Un panorama économique mondial et national en mutation
Le PLF 2025 émerge dans un contexte global tourmenté, où crises climatiques et tensions géopolitiques s’entremêlent. Dans ce tableau complexe, Nadia Fettah a mis en lumière les anticipations d’une croissance mondiale modeste, estimée à 3,2 % pour les années 2024 et 2025. Cependant, fort de ses efforts dans le secteur non agricole et des politiques propices à l’investissement, le Maroc envisage une croissance encourageante de 4,6 % en 2025.
Le secteur non agricole, qui a enregistré une expansion de 3,5 % en 2023, est pressenti pour poursuivre cette ascension à hauteur de 3,7 % l’année suivante. Cette dynamique, couplée à une inflation prévue en baisse à 1,1 % d’ici fin 2024, devrait permettre de réduire le déficit budgétaire à 4 % pour 2025, marquant une amélioration significative par rapport aux 5,4 % de 2022. Selon les dires de Mme Fettah, l’objectif reste de maintenir un cadre macroéconomique compétitif pour stimuler la croissance tout en veillant à la viabilité des finances publiques.
Les quatre priorités stratégiques du PLF 2025
En présentant le PLF 2025, la ministre a clairement articulé quatre axes stratégiques fondamentaux :
- Renforcement des piliers de l’État social
Un des leviers principaux du PLF 2025 réside dans l’approfondissement de l’État social, vis-à-vis notamment de la généralisation de la protection sociale. Le gouvernement, selon les mots de Mme Fettah, s’engage à poursuivre la généralisation de l’Assurance Maladie Obligatoire (AMO), avec une allocation annuelle de 10 milliards de dirhams pour les personnes dans l’incapacité de payer leurs cotisations.
Du côté de l’aide sociale, une hausse significative est prévue pour les allocations directes aux familles. Par exemple, pour chaque enfant scolarisé parmi les trois premiers, l’aide passera à 250 dirhams par mois, tandis que les enfants non scolarisés toucheront 175 dirhams, et ceux en situation de handicap recevront 350 dirhams. De surcroît, un minimum garanti de 500 dirhams sera assuré pour les familles les plus vulnérables, notamment les orphelins, dans le cadre d’un vaste programme budgétisé à 26,5 MMDH pour 2025.
En matière de santé, un budget de 32,6 MMDH, en hausse par rapport à 2024, sera dédié à la modernisation du système de santé, visant à améliorer les conditions d’accès aux soins de qualité pour tous les citoyens.
Dans le secteur éducatif, 85,6 MMDH seront mobilisés pour réformer le système éducatif, avec une attention particulière portée à l’éducation préscolaire, et à l’ouverture de 189 nouveaux établissements, dont 68 % en zone rurale.
- Consolidation de l’investissement et création d’emplois
Un autre pilier fondamental du PLF 2025 est la consolidation de l’investissement pour stimuler la création d’emplois. Avec un budget de 340 MMDH, le gouvernement prévoit l’accélération de la mise en place de la Charte de l’investissement ainsi qu’un Observatoire national pour encadrer et encourager l’investissement privé.
Pour accompagner les jeunes sur le marché du travail, 14 MMDH seront dirigés vers diverses initiatives, incluant des programmes de formation ciblée.
- Poursuite des réformes structurelles
Le projet expose la nécessité d’initier des réformes structurelles pour moderniser le cadre institutionnel du pays, notamment la transformation numérique des services de justice et la modernisation des infrastructures judiciaires.
Les réformes visant le secteur public chercheront à renforcer la compétitivité économique et à augmenter leur contribution aux investissements privés.
- Soutenabilité des finances publiques
Essentielle, la question de la soutenabilité budgétaire est cruciale. Le gouvernement vise à limiter le déficit à 3,5 % en 2025, tout en maintenant le ratio d’endettement sous les 69 % du PIB d’ici 2026.
Le PLF inclut aussi des mesures fiscales pour élargir l’assiette fiscale tout en veillant à ne pas alourdir la pression sur les entreprises.
Mesures fiscales spécifiques du PLF 2025
Le PLF dévoile également plusieurs mesures fiscales significatives :
- Impôt sur le revenu (IR) :
- Exonération des salaires inférieurs à 6 000 dirhams par mois.
- Révision du barème progressif de l’IR avec une réduction des taux.
- Abaissement du taux marginal de l’IR de 38 % à 37 %.
- Augmentation des réductions fiscales pour les charges familiales de 360 dirhams à 500 dirhams par dépendant.
- Taxe sur la valeur ajoutée (TVA) :
- Exonération temporaire de la TVA pour certaines opérations agricoles.
- Augmentation de la part des collectivités territoriales dans les recettes de TVA, de 30 % à 32 %.
- Droits d’enregistrement :
- Simplification des procédures pour les baux de longue durée.