Enfin, un pas décisif ! Après une attente interminable, le projet de marché à terme, destiné à enrichir le paysage des instruments d’investissement et à favoriser une gestion proactive des risques, entre dans sa phase finale de mise en œuvre. Nezha Hayat, présidente de l’Autorité Marocaine du Marché des Capitaux (AMMC), avait laissé entrevoir un lancement imminent au printemps dernier. Depuis, des avancées significatives ont été réalisées, et des tests grandeur nature se déroulent actuellement.
Le marché à terme a pour objectif de pallier les déficits structurels du marché des capitaux marocain, notamment en matière d’outils de couverture des risques. Il offrira aux investisseurs la possibilité de se protéger contre les fluctuations des prix – qu’il s’agisse de matières premières, de devises ou d’autres actifs financiers. En outre, ce marché renforcera la gouvernance et la sécurité des participants. Les projets initiaux incluent des contrats à terme sur indices, suivis d’instruments de taux.
Une mobilisation collective essentielle
Le marché à terme du Maroc sera supervisé par un ensemble de régulateurs, dont l’AMMC et Bank Al-Maghrib, avec la Bourse de Casablanca en position centrale. Depuis sa démutualisation en 2016, la Bourse a été chargée de créer et gérer deux nouvelles infrastructures de marché cruciales : le marché à terme et la chambre de compensation.
En parallèle de ses responsabilités de compensation, la Bourse de Casablanca a lancé, il y a deux ans, une plateforme de trading spécifiquement dédiée à ce marché, qui a subi des tests rigoureux pour garantir sa fiabilité et son intégration au système d’information global de la Bourse. Actuellement, cette plateforme est en phase de tests grandeur nature avec les futurs acteurs du marché à terme. Un accompagnement est également en place pour les banques et sociétés de bourse qui souhaitent participer à ces nouvelles activités.
Les professionnels se prononcent sur l’importance technologique et organisationnelle de ce projet. « Il ne s’agit rien de moins que la création d’un tout nouveau marché, développé à partir de zéro. Tous les acteurs, réglementation, intervenants et régulateurs, devront mettre en œuvre de nouvelles procédures et mécanismes de gestion des risques », confie un expert du domaine.
La clé : La Chambre de Compensation
La Chambre de Compensation est au cœur de la gestion des risques du marché à terme. Elle assure la bonne exécution des transactions, agissant comme contrepartie centrale tout en surveillant les positions ouvertes par ses membres. Ceux-ci doivent déposer des garanties recalculées quotidiennement pour couvrir leurs engagements. En cas de défaillance, la Chambre peut liquider des positions non couvertes ou demander des appels de marge additionnels.
L’introduction des membres négociateurs représente l’une des grandes innovations de ce marché. Qu’ils proviennent de sociétés de bourse ou de salles de marché bancaires, ces intermédiaires seront incontournables dans le fonctionnement du marché à terme.
Un avenir prometteur pour le Maroc
Les acteurs du marché affichent un optimisme contagieux vis-à-vis des opportunités offertes par ce marché : une liquidité accrue, un processus de standardisation des produits, et une sensibilisation renforcée des investisseurs aux avantages et risques des instruments dérivés. Une gestion prudente et éclairée de ces outils pourrait propulser le marché des capitaux marocain vers une plus grande profondeur et sophistication.
Des actions éducatives à l’intention des investisseurs et du grand public sont en préparation pour accompagner le lancement imminent de cette plateforme novatrice.
Risques à considérer
Si le marché à terme promet de belles perspectives, il n’en demeure pas moins que de nouveaux risques surgissent. Le levier financier, la volatilité et le risque de liquidité figurent parmi les défis majeurs à appréhender. Contrairement au marché spot, les transactions dans le cadre du marché à terme se réalisent dans un délai futur, introduisant ainsi un risque additionnel. Les acteurs doivent demeurer attentifs, car la solidité des contreparties peut fluctuer et des événements imprévus peuvent engendrer des variations de prix significatives.
Investir sur ces marchés requiert une approche active et vigilante. Un manque d’expérience ou une stratégie inadaptée peut engendrer des pertes rapides. Les investisseurs devront suivre de près leurs positions et ajuster les marges en temps voulu. La pédagogie sera cruciale pour garantir que tous les acteurs soient bien informés et adéquatement formés.
Ce qui reste à accomplir
Le marché à terme pourrait bien être lancé dans les semaines à venir, possiblement avant la fin de l’année. Les régulations, quasiment finalisées, doivent être bouclées tandis que le cadre documentaire avance à grands pas. Les solutions techniques, adaptées au contexte marocain, sont en phase de tests à grande échelle, avec au moins une ayant réussi les vérifications de connexion et de communication avec la chambre de compensation. Le lancement des produits à terme commencera avec l’introduction des futurs sur indices, facilitant ainsi le démarrage et permettant d’évaluer le fonctionnement de la chambre de compensation.
Marché à terme : Messages clés à retenir
1. Lancement imminent.
2. Les premiers produits à apparaître seront des futurs sur indices.
3. La chambre de compensation et la plateforme de trading dédiées ont été établies par la Bourse de Casablanca.
4. Les premiers tests à grande échelle ont été entrepris, avec au moins un ayant réussi les vérifications pertinentes.
► INTERVIEW
Validation de la chaîne de traitement pour le marché à terme et la chambre de compensation
Adel Elaroussi, Directeur du pôle Service aux investisseurs chez CDG Capital, nous livre ses réflexions sur les bénéfices du marché à terme, l’avancement des préparatifs, et les défis restants avant son lancement officiel. Lire