Le marché obligataire, en 2024, resplendit d’un calme inattendu, presque serein, contrastant vivement avec l’agitation tumultueuse qui avait caractérisé les années précédentes. Dans un environnement où l’inflation s’est miraculeusement stabilisée à des niveaux historiquement bas et où les finances publiques oscillent entre résilience et dynamisme, les rendements obligataires, à l’instar d’un souffle apaisant, ont amorcé une descente intéressante, alors même que les émissions de bons du Trésor (BDT) s’étiolent.
La décélération de l’inflation, désormais estimée à un modeste 1% pour 2024, en comparaison avec 6,1% l’année précédente, a été le catalyseur de cette phase de détente des taux. Cette mutation offre à Bank Al-Maghrib une liberté d’action inespérée, lui permettant d’abaisser le taux directeur à deux reprises, en juin et décembre, le faisant chuter à 2,5%. Cela n’a pas seulement allégé les coûts de financement sur le marché national ; cela a délicatement tempéré les attentes des investisseurs en termes de rentabilité.
Les émissions de BDT, quant à elles, ont chuté à 169,2 milliards de dirhams à la fin novembre, comparativement aux 239,8 milliards de dirhams relevés à la même période en 2023, témoignant d’une contraction spectaculaire d’environ 30%. Ce repli s’explique par un cocktail de recettes fiscales revitalisées et d’une utilisation astucieuse de mécanismes de financement novateurs, limitant ainsi les besoins d’endettement du Trésor. Les rendements, dans cette danse délicate, ont suivi une trajectoire à la baisse, à l’image d’une confiance croissante des investisseurs, alimentée par l’anticipation d’une émission obligataire internationale attendue au premier trimestre 2025, susceptible d’amoindrir encore plus la pression sur le marché local.
Dans ce climat, le Trésor profite d’opportunités de financement à des conditions plus favorables, tout en maîtrisant habilement ses besoins. La dette et le déficit sont sous contrôle : malgré une augmentation nominale du montant total d’endettement, la gestion de la dette publique est marquée par une rigueur qui force le respect. Le ratio d’endettement se maintient aux alentours de 70% du PIB, soutenu par une gestion prudente des besoins de financement et des tirages extérieurs en deçà des prévisions. Ainsi, la dette intérieure, représentant 52% du PIB à fin novembre, grimpe à 805 milliards de dirhams, alors que la part extérieure, soigneusement maîtrisée à 25% de l’encours total, atteint 266 milliards de dirhams.
Ces données, véritables témoins d’une gestion délibérée et prudente, s’alignent grandement avec les standards internationaux. Par ailleurs, le déficit budgétaire a connu une légère rectification, s’établissant à 50,6 milliards de dirhams à fin novembre 2024, en baisse par rapport aux 854 MDH de l’année précédente. Le besoin de financement s’est fixé à 55,9 milliards, connaissant une amélioration de 3,3 milliards sur une année, provoquant des couvertures à hauteur de 76% sur le marché intérieur. La question qui se pose légitimement : cette accalmie persistera-t-elle en 2025 ? Tous ces éléments convergent vers une anticipation d’une poursuite de la baisse des taux dans les mois à venir. La préparation d’une émission internationale au début de 2025 devrait allégement la pression sur le marché local, consolidant l’évolution actuelle. De plus, la santé budgétaire du Trésor, fondée sur une gestion éclairée et des besoins restreints, ouvre des perspectives encourageantes pour maintenir les rendements à un seuil minimal.
Clôture d’année marquée par une chute des rendements
Lors de la dernière adjudication, le Trésor a orchestré deux levées totalisant 500 millions de dirhams, avec des taux limites de 2,28% pour la ligne de 13 semaines et de 2,6255% pour celle de 2 ans. Ce cadre a entraîné des fluctuations notables sur les taux primaires de ces maturités, enregistrant des baisses de -11 points de base (pbs) et -6,4 pbs, influencées par la récente diminution du taux directeur. Sur le marché secondaire, une tendance baissière généralisée s’est faite ressentir, avec des replis variant entre -23,8 pbs pour la maturité de 23 semaines et -8,2 pbs pour celle à 20 ans. L’annonce d’un abaissement du taux directeur de 25 pbs par Bank Al-Maghrib, peu anticipée par le marché, a engendré une rectification, poussant les taux à s’ajuster vers des niveaux d’équilibre proches.