Ryad Mezzour, en tant que ministre de l’Industrie et du Commerce, a pris la parole lors du Forum de la Finance Durable organisé par BMCI, mettant en lumière les challenges cruciaux auxquels le Maroc est confronté dans le domaine du financement de projets verts et innovants. D’emblée, il a souligné que la notion de « finance durable » semblait, par le passé, presque irréelle, rappelant les célèbres promesses de 100 milliards de dollars par an évoquées lors des différentes conférences des parties (COP).
Pour lui, la véritable question ne réside pas seulement dans la quête d’un financement qualifié de « vert », mais dans l’urgence d’intégrer, de manière systématique, les critères de durabilité dans l’ensemble de l’ingénierie financière. La fermeture progressive des dispositifs de financement liés aux énergies fossiles, tel le charbon, a ouvert la porte à un encouragement plus marqué en faveur des projets renouvelables et écologiques.
L’attractivité énergétique du Maroc
Le Royaume se distingue par un atout considérable : un coût de production d’énergie renouvelable particulièrement compétitif. De par ses conditions naturelles propices, diverses industries bénéficient de contrats d’approvisionnement énergétique jusqu’à 40 % moins cher que le mix énergétique traditionnel. Par ailleurs, l’essor de l’hydrogène vert dans les régions du Sud, couplé à l’exploitation de ports réservés (Nador, Tarfaya Atlantique, etc.), offre de nouvelles perspectives pour l’exportation et la diversification industrielle.
Dans ce cadre, Ryad Mezzour a évoqué la possibilité de produire de l’hydrogène à un coût équivalent à 110 dollars le baril de pétrole, garantissant ainsi un avantage compétitif à long terme. De surcroît, il a souligné l’existence de plus de 2.000 projets industrialo-énergétiques répertoriés dans la nouvelle charte d’investissement, représentant près de 300 milliards de dirhams. La plupart d’entre eux répondent à des critères rigoureux de durabilité (bilan hydrique, impact écologique, etc.). Néanmoins, l’accès au crédit demeure un casse-tête. Le ministre a déploré que de nombreux projets, pourtant validés par l’État et admissibles à des incitations (pouvant atteindre 10 % du coût d’investissement), soient bloqués en raison de la réticence de certaines banques.
Un soutien public à consolider
Pour catalyser la transition, la nouvelle charte d’investissement propose un soutien progressif à chaque étape du processus, incluant le versement anticipé d’une partie des aides (jusqu’à 3 %) dès que 30 % des objectifs sont atteints, suivi d’un prolongement de ces aides jusqu’à l’achèvement total du projet, conditionné par des résultats tangibles en matière de création d’emplois et d’impact environnemental. Malgré ce mécanisme, Ryad Mezzour constate qu’à peine 10 % des projets réussissent à franchir le cap du crédit-relais, en raison d’évaluations des risques peu adaptées par les équipes bancaires. Il exhorte les établissements financiers à reconnaître l’importance de ce système d’incitations publiques ainsi que la quasi-garantie que représente l’engagement de l’État.
Il appelle également à une meilleure synchronisation entre l’appui gouvernemental et les ressources mobilisées par le secteur de la finance durable. Selon lui, le Maroc dispose de tous les atouts nécessaires pour construire une industrie compétitive et en harmonie avec l’environnement, à condition que la chaîne de financement – des autorités publiques aux banques privées – simplifie et accélère le processus de validation des projets verts. L’enjeu est d’envergure : faire de la transition vers une économie verte et inclusive, une réalité tangible, tout en renforçant la compétitivité du Royaume sur la scène internationale.