L’économie marocaine a vu sa croissance ralentir au cours du quatrième trimestre de l’année 2024, comme l’indique la dernière note, riche en enseignements, émanant du Haut-Commissariat au Plan (HCP). Le Produit Intérieur Brut (PIB), en termes réels, n’a progressé que de 3,7 %, contrastant avec le 4,2 % enregistré à la même période l’année précédente. Ce déclin s’explique, de manière significative, par la contre-performance indéniable du secteur agricole, qui se trouve en décalage avec une demande intérieure qui demeure résiliente et une stabilité relative des prix.
Ce ralentissement économique s’inscrit dans un tableau plus large, marqué par des déséquilibres extérieurs persistants et une augmentation des besoins de financement pour l’économie marocaine, tout en voyant une inflation remarquablement maîtrisée. La croissance a été majoritairement soutenue par les activités non agricoles, qui ont enregistré une valeur ajoutée en hausse de 4,4 %, tandis que le secteur agricole a souffert d’une chute de 4,9 %.
Quant au secteur primaire, il a enregistré un recul de sa valeur ajoutée de 4,7 %, un tournant par rapport à une diminution plus modérée de seulement 0,1 % à la même période l’an passé. Ce repli est principalement attribué à une contraction marquée de l’agriculture, dont la valeur ajoutée a dégringolé de 4,9 %, alors qu’elle avait, paradoxalement, fléchi de 1 % l’année précédente. A contrario, la pêche a montré des signes d’amélioration, avec une légère hausse de 0,8 %, inversant une tendance fortement négative (-19,2 %) connue durant l’année précédente.
Pour ce qui est du secteur secondaire, la croissance a également connu une décélération, passant d’un impressionnant 6,9 % au quatrième trimestre 2023 à un plus modeste 4,9 % en 2024. Cette dégringolade s’explique par un ralentissement marqué dans l’industrie d’extraction, dont le taux de croissance s’est effondré à 6,5 % (contre 16,1 % un an plus tôt), et dans l’industrie manufacturière, en ralentissement à 3,7 % comparativement à 7,4 %. Cependant, certains segments du secteur secondaire, tels que le bâtiment et les travaux publics (7 % contre 2,9 %) ainsi que les services collectifs (électricité, gaz, eau), ont enregistré des hausses notables, nimbées d’une progression de 5,7 % par rapport à 3,6 % antérieurement.
Sur le plan tertiaire, une contribution positive à la croissance a été notée, avec une augmentation de 4,2 % de sa valeur ajoutée, en hausse par rapport aux 3,3 % du quatrième trimestre 2023. Ce rebond a été auspicié par une dynamique éclatante dans l’hôtellerie et la restauration (+12,8 %), en plus des services publics (+3,9 %) et du commerce (+3,1 %). Néanmoins, certaines branches, telles que les services financiers et d’assurances, ont enregistré un léger ralentissement (+4,3 % contre 5,5 %), de même que les télécommunications (+2 % contre 4,3 %) et les services immobiliers (+1,9 % comparé à 3,3 %).
Dans cette mosaïque sectorielle contrastée, la demande intérieure a persévéré comme le principal moteur de la croissance économique, malgré une légère inflexion. Sa progression de 7,6 % se heurte à la corollaire d’un besoin de financement exacerbé. Les dépenses de consommation finale des ménages ont connu un léger ralenti (+4,1 % comparé à 5,1 %), témoignant d’un essoufflement palpable du pouvoir d’achat, tout en restant en phase avec une inflation modérée. À l’inverse, la consommation finale des administrations publiques a affiché une croissance plus vigoureuse de 4,8 %, apportant une contribution de 0,9 point à la croissance globale.
L’investissement brut, englobant la formation brute de capital fixe, la variation des stocks et les acquisitions nettes d’objets de valeur, poursuit sa progression avec un taux d’accroissement de 15,3 %, bien qu’il marque une légère décélération par rapport aux 16,6 % précédents. Ce phénomène continue d’exercer un rôle crucial dans la dynamique économique, contribuant à hauteur de 5,4 points.
En matière d’échanges extérieurs, la contribution nette demeure négative. Les importations, quant à elles, ont crû de 15,6 % (contre 12,5 % l’année précédente), amputant de 9 points la croissance. En revanche, les exportations ont connu une augmentation de 9,2 % (contre 5,5 %), compensant partiellement ce déséquilibre avec une contribution positive de 3,8 points. Néanmoins, le solde global des échanges reste déficitaire, affichant une contribution nette de -5,2 points, équivalente à celle du quatrième trimestre de 2023.
En dépit de ce contexte complexe, l’inflation se maintient à un niveau relativement maîtrisé. Le PIB aux prix courants a progressé de 6,2 %, en recul par rapport aux 8,4 % observés l’année précédente, illustrant ainsi un ralentissement de l’augmentation générale des prix, désormais circonscrite à 2,5 % versus 4,2 % un an auparavant. Ce développement témoigne d’une certaine stabilité des prix à la consommation, évoluant dans un environnement international encore empreint d’incertitudes.
En somme, sur le plan des équilibres macroéconomiques, la nécessité de financement de l’économie nationale s’est accentuée. Le revenu national brut disponible a crû de 5,8 %, certes en recul par rapport aux 8,7 % de l’année précédente. Ce phénomène, couplé à une augmentation modérée de la consommation finale nationale en valeur (+4,9 %) et à une croissance plus rapide de l’investissement brut (32 % du PIB contre 29,6 %), a conduit à une relative baisse de l’épargne nationale (28,8 % du PIB), augurant d’une détérioration du besoin de financement, qui a bondi de 1,4 % à 3,2 % du PIB.