L’inflation dans la zone des 20 pays utilisant la monnaie unique a effectué un plongeon, s’établissant à 2,2% sur une période d’un an, atteignant ainsi son plus bas seuil depuis le mois de juillet 2021, d’après les chiffres dévoilés par Eurostat ce vendredi.
Cette tendance indique que l’inflation se rapproche de l’objectif de 2% que la Banque centrale européenne (BCE) s’est fixée. Un développement qui pourrait inciter l’institution à poursuivre sa stratégie de réduction des taux d’intérêt lors de sa prochaine réunion prévue le 12 septembre.
Une telle mesure serait cruciale pour donner un coup de fouet à l’économie européenne, engoncée dans un marasme qui perdure depuis l’année dernière.
Le recul des prix à la consommation observé en août est en ligne avec les prévisions des analystes de Bloomberg et Factset. En effet, l’inflation avait culminé à 2,6% en juillet, après une légère stagnation à 2,5% en juin.
Cependant, l’inflation sous-jacente — qui exclut les prix volatils de l’énergie et des denrées alimentaires — n’a enregistré qu’une baisse timide, atteignant 2,8% après 2,9% le mois précédent, selon les données fournies par l’office européen des statistiques. Ce chiffre concorde également avec le consensus des économistes.
Par ailleurs, le chômage a connaissance d’une diminution, tombant à 6,4% de la population active en juillet, un record historique, comme l’a rapporté Eurostat. Cet indicateur est particulièrement scruté par les décideurs monétaires, inquiets que les pénuries de main-d’œuvre ne poussent les salaires à la hausse et ne soutiennent ainsi l’inflation, surtout dans le secteur des services.
Le net fléchissement de l’inflation “augmente les chances d’une baisse des taux lors de la prochaine réunion de la BCE”, a commenté Sam Miley, analyste au Center for Economics and Business Research (Cebr). Cependant, souligne-t-il, “l’inflation sous-jacente encore élevée et un marché du travail tendu posent des risques pour l’assouplissement de la politique monétaire.”
Ce bon résultat du mois d’août peut être largement expliqué par un effondrement de 3% des prix de l’énergie sur un an, incluant les tarifs des carburants à la pompe.
À l’inverse, l’inflation des services a connu un pic à 4,2% (+0,2 point par rapport à juillet), de même que celle des aliments (incluant alcool et tabac), qui s’est élevée à 2,4% en août (+0,1 point).
En revanche, la croissance des tarifs des biens industriels a ralenti à 0,4% (-0,3 point).
Néanmoins, Jack Allen-Reynolds, analyste chez Capital Economics, estime que l’inflation des services “n’est peut-être pas aussi alarmante qu’elle le paraît à première vue”. Selon lui, cette augmentation est en partie attribuable aux Jeux olympiques en France, qui ont entraîné une flambée temporaire des coûts d’hébergement et de transport, cette hausse étant vouée à s’amenuiser dans les mois à venir.
Il anticipe également une nouvelle réduction des taux d’intérêt en septembre et envisage même une seconde baisse en décembre “si l’inflation des services continue de diminuer comme prévu dans la suite de l’année”.
En somme, l’évolution des prix à la consommation dans la zone euro a été réduite à moins d’un quart par rapport au pic de 10,6% atteint en octobre 2022, lorsque les prix de l’énergie avaient flambé dans le sillage du conflit en Ukraine.
Une réussite qui a permis à la BCE de renouer avec une politique monétaire plus souple ce printemps. Pour lutter contre l’inflation, la banque centrale avait augmenté les coûts d’emprunt à une cadence sans précédent depuis juillet 2022.
Le 6 juin, elle a amorcé une diminution de ses taux directeurs, offrant une bouffée d’oxygène pour apaiser les pressions sur le crédit immobilier et les prêts aux entreprises, freinant ainsi la croissance économique. Le taux de dépôt qui s’élevait à 4%, son sommet atteint en septembre dernier, a été réduit à 3,75%.