À Tanger, un vif débat s’est tenu autour d’un sujet brûlant : le financement des régions. Lors d’un atelier intitulé « Les défis de financement des programmes d’investissement des régions », les participants ont uni leurs voix pour plaider en faveur d’une augmentation significative des crédits alloués aux régions. Ils ont insisté sur l’urgence de renforcer les capacités financières par l’introduction d’instruments financiers novateurs, sans lesquels ces territoires peineront à réaliser leurs projets de développement.
Intervenant lors des débats, Hassan Rahmani, Secrétaire Général du Fonds d’Équipement Communal (FEC), a mis en lumière un changement significatif dans le paysage financier. Il a mentionné que la demande de prêts a explosé, attestant d’une évolution marquée de la part des conseils régionaux dans l’équation financière, avec des montants prodigieux passant de 1,3 milliard de dirhams (MMDH) en 2015 à près de 12 MMDH en 2023. Le FEC, quant à lui, a vu ses financements grimper de 1,8 à plus de 4 MMDH au cours de la même période.
Aziz El Khayati, directeur du Budget au ministère de l’Économie et des Finances, a quant à lui souligné une multiplication par cinq de l’investissement public entre 2001 et 2025, transformant ainsi le visage du pays grâce à de grandes infrastructures. Il a précisé que les budgets des régions ont fait un bond incroyable, passant de 6 MMDH pour la période 2010-2015 à un impressionnant 50 MMDH entre 2021 et 2025, permettant ainsi de réduire les disparités territoriales et de dynamiser le développement régional.
Yannis Arvantes, un expert de la Banque mondiale, a évoqué le soutien de l’institution dans le processus de décentralisation et de déconcentration en mettant à disposition un portefeuille substantiel de 1,9 MMDH. Il a détaillé le programme « Performance du secteur public marocain » (ENNAJAA), conçu pour renforcer la régionalisation avancée via une budgétisation et un suivi rigoureux des investissements publics, avec en toile de fond un objectif de développement durable et résilient.
Le président du Conseil de la région Draa-Tafilalet, Hro Abrou, a fait part d’un programme de développement ambitieux, coûtant 15,9 MMDH, dont 5,4 MMDH sont garantis par la région. En mettant en avant les atouts et les défis de son territoire, il appelle à un rehaussement du plafond de crédit alloué aux régions, estimé à 10 MMDH, mais aussi à une révision des critères de distribution des fonds.
De son côté, Rachid El Abdi, président du Conseil de la région de Rabat-Salé-Kénitra, a plaidé pour une hausse du financement étatique en direction des régions, afin d’ouvrir la voie à de nouvelles opportunités de financement. Il a explicité que le programme de développement de sa région pour 2022-2027 inclut 23 programmes et 56 projets, nécessitant un investissement total de 28,9 MMDH.
Pour plusieurs intervenants, la clé d’une gestion locale réussie repose sur la gouvernance budgétaire, celle-ci devant être synonyme de transparence et d’efficacité. Ce défi, sans nul doute, définit le véritable enjeu pour l’avenir de ces régions.